Intervention de Jean-Paul Chanteguet

Réunion du 5 novembre 2014 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Chanteguet, président :

Nous avons le plaisir d'accueillir Mme Laurence Tubiana, ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique, représentante spéciale pour la conférence Paris Climat 2015. La réunion de trois commissions témoigne de l'importance que nous attachons à ce sujet. Cette première audition sera sans doute suivie d'autres rendez-vous puisque les négociations vont s'échelonner jusqu'à la conférence de Paris.

Dans cette perspective, nous avons créé un groupe de travail commun aux trois commissions. Nous prévoyons également la tenue à l'Assemblée nationale d'une conférence interparlementaire parallèlement à la conférence des Parties.

L'échéance de 2015 est essentielle car elle doit aboutir à la conclusion d'un accord universel permettant de plafonner à deux degrés l'augmentation de la température terrestre par rapport à l'ère pré-industrielle en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Le cinquième rapport du GIEC tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme, de façon plus inquiétante encore, confirmant les analyses de Sir Nicholas Stern et du Global carbon project. Il est impératif d'aller au-delà du protocole de Kyoto, prolongé jusqu'en 2020 par l'amendement de Doha, qui ne couvre que 15 % des émissions de gaz à effet de serre –celles de l'Union européenne pour l'essentiel.

Nous avons tous en mémoire l'échec de la conférence de Copenhague en 2009. Cette fois, la préparation semble mieux engagée. Le secrétaire général de l'ONU est très investi : il a réuni à New York le 23 septembre dernier de nombreux chefs d'État et de gouvernement. La prise de conscience au plus haut niveau semble réelle, y compris de la part de pays traditionnellement réservés.

La conférence de 2015 est aussi l'occasion de réunir des représentants de la société civile, des entreprises et des collectivités locales autour de l'agenda positif, aussi appelé « agenda des solutions ». L'Union européenne a su montrer la voie en parvenant à un accord sur un nouveau paquet énergie climat qui fixe à l'horizon 2030 les objectifs d'une baisse de 40 % des émissions, d'une part d'énergies renouvelables dans le bouquet énergétique porté à 27 % et de 27 % d'efficacité énergétique.

Il reste 400 jours pour traduire les paroles et les intentions en actes, 400 jours pour sauver la planète. Comme l'a dit le secrétaire général de l'ONU, nous avons l'obligation de réussir : il n'y a pas de plan B car il n'y a pas de planète B.

Plusieurs questions viennent spontanément à l'esprit : quel contenu et quelle forme peut-on envisager pour un futur accord universel et contraignant ? Que peut-on attendre de la prochaine conférence climat de Lima le mois prochain ? Les premières contributions des pays sont attendues pour le premier trimestre 2015 : que pourrait-on faire si leur ambition est insuffisante ? Par ailleurs, l'un des éléments clés de la réussite du futur accord, l'aide aux pays en voie de développement au travers du Fonds vert pour le climat, « patine ». Seules la France et l'Allemagne ont en l'état annoncé leur contribution. Comment donc créer la dynamique nécessaire afin que l'économie verte ne reste pas l'apanage des seuls pays riches ? Comment éviter à ces derniers d'encourir la critique de la part des pays en développement ; de s'acheter une bonne conscience à moindre coût ?

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