Je dois sans doute manquer d'intelligence (Murmures sur divers bancs) mais, plus je réfléchis et moins je comprends pourquoi, face aux défis qui nous menacent, personne ne songe à remettre en cause notre modèle de développement. Tout se passe comme si au lieu de changer le moteur nous accélérions pour foncer dans un mur. Je ne comprends pas.
D'autant que les défis que nous avons à relever ne suscitent plus de controverse. Le dernier rapport du GIEC indique clairement qu'à ce rythme-là, l'augmentation de la température sera de quatre degrés à la fin du siècle. Les conséquences seront sans aucune mesure avec les drames que nous avons connus dans notre histoire.
Trois questions. Premièrement, au plan national : comment expliquez-vous la phobie environnementale qui nous affecte tous ? Nous sommes capables de grandes et belles déclarations à Paris mais, de retour dans nos territoires, nous nous dérobons à la contrainte, nous devenons les fossoyeurs de la fiscalité environnementale et les défenseurs de la déréglementation.
Deuxièmement, au plan européen, je me félicite des dernières avancées même si les chiffres annoncés ne sont pas à la hauteur des ambitions. Quelle analyse faites-vous du refus de l'Union européenne de se doter de mécanismes de régulation, au premier rang desquels les certificats d'économies d'énergies qui sont pourtant le seul instrument utile ? Au plan extérieur, pourquoi abandonnons-nous l'idée d'une régulation environnementale aux frontières de l'Europe ? Nous sommes encore la première puissance économique mondiale, nous avons la possibilité de réguler l'économie mais nous ne faisons rien : ainsi sommes-nous les premiers responsables du drame qui s'annonce.
Troisièmement, au plan international, comment désamorcer le choc Nord-Sud ? Les pays en voie de développement disent à juste titre : à vous de faire des efforts, vous qui avez pollué. Mais où sont les contreparties, combien de promesses non tenues depuis Copenhague ? Va-t-on enfin aller de la coupe aux lèvres ?
Les pays industrialisés n'auront pas atteint le seuil de réduction de 20 % des émissions en 2020 alors que les experts du GIEC s'accordent désormais sur une fourchette de 25 à 40 % pour atteindre l'objectif.