Intervention de Philip Cordery

Réunion du 29 octobre 2014 à 16h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilip Cordery :

L'Europe, aujourd'hui, est au bord de la déflation. Le manque d'investissement est criant. La croissance allemande stagne. Si on ne tire pas la sonnette d'alarme, l'Europe risque d'entrer dans une spirale déflationniste, la même que celle qu'a connue le Japon dans les années 1980. Il faut l'éviter à tout prix car la spirale déflationniste peut être, pour l'économie, aussi dangereuse que la dérive inflationniste.

Le plan d'investissement de 300 milliards d'euros est une opportunité. Encore faut-il qu'il draine de l'argent neuf et qu'il ne serve pas à recycler des lignes budgétaires déjà existantes. L'Allemagne et la France sont-elles favorables à une recapitalisation de la Banque européenne d'investissement, ce qui permettrait de créer davantage de project bonds et de garantir, pour répondre aux problèmes d'accès au crédit, des prêts au sein de l'Union européenne en vue de financer les 300 milliards d'euros ?

Que pensez-vous par ailleurs de la création d'un plan d'épargne européen, qui permettrait de rediriger une partie de l'épargne nationale vers le financement de projets européens tout en faisant prendre conscience aux citoyens européens de la nécessité de favoriser les investissements ?

Par ailleurs, notre interprétation des traités européens est-elle suffisamment flexible ? Les contraintes budgétaires qui y sont inscrites ont été fixées dans une période de forte croissance : la situation déflationniste actuelle ne devrait-elle pas mériter la qualification de circonstance exceptionnelle, laquelle autorise le dépassement du taux de déficit prévu ? La France n'est pas la seule concernée, loin de là : une interprétation plus flexible et moins idéologique des traités concerne de nombreux États membres.

Il conviendrait également de sortir du calcul budgétaire certaines dépenses. Monsieur Roth, vous avez évoqué la lutte contre le chômage des jeunes. Or de nombreux pays préfèrent renoncer à des projets cofinancés par l'Europe, sachant que leur propre part de cofinancement entrerait dans le calcul de leur déficit budgétaire. Les dépenses de cofinancement de projets européens – je pense au plan d'investissement de 300 milliards ou au programme européen sur l'emploi des jeunes – ne devraient-elles pas sortir du calcul du déficit budgétaire ?

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