Monsieur le ministre des affaires étrangères, depuis la suspension, en novembre 2013, des discussions sur l’accord d’association avec l’Europe, la crise politique en Ukraine a pris une nouvelle dimension et la situation ne cesse de s’aggraver. Ces dernières semaines, les combats ont encore redoublé d’intensité dans l’est séparatiste. De tels événements, qui se déroulent aux marches de l’Europe, ne sauraient nous laisser indifférents.
Alors qu’à la suite des sanglantes manifestations de la place Maïdan, les ministres des affaires étrangères du Triangle de Weimar, soit de France, d’Allemagne et de Pologne, avaient obtenu la signature, le 21 février dernier, d’un accord entre le Président lanoukovitch et son opposition, alors qu’il s’agissait de trouver une solution politique qui serve les intérêts du peuple ukrainien et préserve l’intégrité territoriale et la souveraineté du pays, on sait, hélas, ce qu’il en a été après l’entrée des troupes russes en Crimée le 7 mars dernier.
C’est donc dans ce contexte extraordinairement complexe et tendu que se pose à la France la question de livrer ou non les Mistral à la Russie, comme elle s’y est engagée en 2011. Nous sommes pleinement conscients, monsieur le ministre, des conséquences économiques, financières et sociales, mais également sur nos futurs contrats, que peut avoir la décision française d’honorer ou non sa signature. Mais nous sommes tout aussi conscients de la résonance et des conséquences politiques qu’une telle décision aura immanquablement en Europe, et plus particulièrement dans les pays de l’Est.
À l’heure où ces derniers, plus que tous les autres, s’inquiètent d’une déstabilisation générale, la France peut-elle, ou doit-elle, formuler sa réponse « en toute indépendance » comme l’a déclaré le Président de la République ou peut-elle, ou doit-elle, essayer de continuer à promouvoir une réponse européenne ?