J’ai lu avec attention la présentation qu’ils font de la singularité de leur région – mais nos textes de lois sont trop oublieux de l’histoire et des identités pour s’y attarder. Provençal, et donc localiste, je me souviens que c’est l’activisme du Félibrige qui a permis qu’éclose ultérieurement le mouvement de décentralisation.
Enfin, le Gouvernement ne tiendra pas sa promesse de réaliser avec ce projet de loi des économies censées participer à la réduction de la dépense publique. J’ai souligné dans un amendement présenté en commission la reculade du Gouvernement sur ses questions ; celui-ci propose en effet de rendre possible la distinction du chef-lieu de région et du siège de l’hôtel de région : preuve s’il en est que le texte ne vise pas à la cohérence, mais qu’il cherche à appliquer les directives bruxelloises, tout en ménageant des arrangements pour les barons régionaux.
Des pistes de réforme, on en connaît : faire reculer les dépenses de fonctionnement, qui atteignent près de 17 milliards d’euros et représentent 6,4 milliards d’euros de plus que les dépenses d’investissement ; rétablir un taux d’épargne supérieur, ce dernier ayant baissé de dix points en six ans ; rétablir un contrôle sur les subventions associatives, qui font souvent primer la dépense pour la dépense au détriment de l’analyse fine des situations. Il faut également lutter contre les doubles compétences dans la fonction publique territoriale, les secteurs administratifs et les centres décisionnels.
Comme cette assemblée manque désespérément de poésie, je veux partager avec vous quelques vers de Frédéric Mistral, qui fût sans doute le père du renouveau des enracinements et des fiertés régionales quand le jacobinisme de la IIIe République heurtait les consciences des gens de ma Provence. Voici ce qu’il disait :
« Tout ce qui nous rend libres
Félibres, félibres,
Tout ce qui nous rend libres
Les aïeux l’ont voulu.
« Ils ont vécu,
Ils ont tenu
Vivante notre langue ;
Ils ont vécu,
Ils ont tenu
Autant qu’ils l’ont pu. »
Voilà ceux qui seront blessés par votre texte : les aïeux épris de la naturalité de leurs attaches et les hommes libres qui veulent que des régions mieux gérées puissent redonner leur souveraineté aux individus, aux communes et aux régions.