Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 18 novembre 2014 à 21h30
Délimitation des régions et modification du calendrier électoral — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Plus sérieusement, j’ai le sentiment que notre pays traverse l’un des moments les plus difficiles de l’après-guerre, tout le monde en conviendra, et cela depuis bien plus de trois ans : une vingtaine d’années environ. Nous sommes confrontés à un changement de monde très difficile, qui pèse de plus en plus sur nos concitoyens.

Ceux que je rencontre, mais il est vrai qu’ils habitent loin d’ici, dans les Pyrénées, pensent que nous sommes en train de redresser l’industrie française, de redonner un visage à l’agriculture, de relancer un grand projet d’instruction publique. Ils pensent que nous prenons véritablement la mesure du grand tourment qui les a saisis il y a de cela plusieurs années. Et j’ai beaucoup de mal à leur expliquer ce que nous faisons.

Un projet tel que celui-ci eût trouvé toute sa place si, comme en 1982, le peuple en avait débattu, les Français s’attendaient à un changement profond et savaient de quoi il retournait. François Mitterrand et Gaston Defferre le savaient, il faut toujours se servir du suffrage universel lorsqu’il est chaud, lorsqu’il vient de parler et que les Français s’attendent à ce qu’il se passe quelque chose – bref, généralement les mois d’été. C’est la raison pour laquelle, en partie, la décentralisation fut si réussie.

Mais se lancer dans une telle réforme sans même l’avoir inscrite dans le programme électoral, sans avoir pris grand soin d’y réfléchir préalablement, commencer par les conseils généraux, faire un détour par les intercommunalités, revenir aux conseils généraux pour s’occuper enfin des régions… tout cela n’est pas très organisé ! Je ne pense vraiment pas que ce soit ce que le pays attend de nous actuellement. Vous ne le ferez pas, mais je vous le dis, monsieur le ministre : retirez ce projet tout de suite. Je voudrais me tromper… mais cette histoire ne finira pas bien !

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