Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 18 novembre 2014 à 21h30
Délimitation des régions et modification du calendrier électoral — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Le seuil est désormais fixé à 25 000 habitants, mais les centaines de milliers d’hectares que nous allons négliger, et qui appartiennent au patrimoine français, qu’allons-nous en faire ? Les offrir à l’ONU ? Pourquoi pas, il y a tellement de besoins partout !

Je ne peux pas me résoudre à voir disparaître mon canton. C’est impossible. Il compte des siècles d’histoire et il était là bien avant que la République ne l’institutionnalise. Je ne vois pas en quoi la suppression de mon canton représenterait un progrès pour l’égalité des chances que garantit la République en notre pays. Je me demande même où est passé le Conseil constitutionnel ! Où est-il donc ? De deux choses l’une : ou la République a sombré, ou le Conseil constitutionnel s’est endormi parce que l’article 1er de la Constitution, qui garantit l’égalité des chances pour tous sur l’ensemble de notre territoire, a été celui de toutes nos Républiques. Et à présent apparaissent, toujours plus nombreuses, des intercommunalités qui étendent toujours plus leur emprise, tandis que les communes, à qui l’on avait pourtant promis qu’il n’arriverait rien, vivent leur dernier mandat, du moins les vingt-cinq mille communes de moins de mille habitants. François Mitterrand n’avait-il pas affirmé, pourtant, que la France était un pays extraordinaire, capable de se faire administrer par un million d’hommes libres et indépendants, prêts à se faire couper la tête pour un chemin de terre et un chemin creux et qu’il y en avait un million derrière pour les remplacer si le premier million venait à défaillir ?

Nous allons aujourd’hui nous débarrasser de tous ces bénévoles pour les remplacer par des jeunes gens qui seront mal payés, loin du territoire et finiront par coûter cher. Pour ce qui est des régions, nous avons souffert du vertige américain pendant une bonne cinquantaine d’années mais nous sommes à présent frappés par le vertige allemand. La France, ce n’est pas les États-Unis et encore moins l’Allemagne. Nous n’avons pas tout à fait la même histoire. Nous devrions arrêter cette affaire, la mettre au programme des prochaines présidentielles, en débattre en tenant compte des avancées que vous avez pu réaliser et de celles du précédent gouvernement, afin de présenter, enfin, à nos concitoyens une ligne qu’ils puissent comprendre.

Dès lors, plutôt que des hommes et des femmes méfiants à tous les coins de rue, nous aurions un peuple tout entier qui nous pousserait en avant. La France est un pays qu’on ne peut pas réinventer. Elle est faite pour avoir un État. Certes, aujourd’hui, il ne fonctionne pas et il faut y remédier. Il faut retrouver, tout doucement, ce pas de danse d’une élégance inouïe entre l’État et les provinces de France. Nous retrouverons alors notre véritable France. Et si la France se retrouve, cela permettra à nos frères européens de se retrouver à leur tour et peut-être même au monde de retomber les pieds sur terre.

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