Intervention de Christophe Léonard

Séance en hémicycle du 19 novembre 2014 à 15h00
Délimitation des régions et modification du calendrier électoral — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Léonard :

Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, monsieur le rapporteur pour avis, chers collègues, au risque d’apparaître iconoclaste au regard des longs échanges intervenus hier soir dans cet hémicycle, je ne vais ni vous parler de la Bretagne, ni de l’Alsace, mais simplement de la Champagne-Ardenne.

Fondé sur une analyse et des concertations très poussées, le scénario du comité Balladur proposait en 2009 le rattachement de l’Aisne à la Champagne-Ardenne. Prolongeant cette réflexion, le Président de la République a souhaité élargir cette perspective à toute la Picardie. À ce stade de nos débats parlementaires, les arguments favorables à ce scénario restent d’actualité.

En effet, comment contester que la Picardie et la Champagne-Ardenne sont deux grandes régions agricoles et de sous-traitance industrielle ? Elles abritent des filières de formation, des écoles d’ingénieurs et des centres de recherche complémentaires. Elles se partagent le territoire de l’appellation « Champagne » et sont les deux premières régions productrices d’énergie éolienne en France.

Mais à l’évidence, le bon sens et l’efficacité imposent de s’ouvrir également à la Lorraine. L’arc nord-est Lorraine-Champagne-Ardenne-Picardie constitue un regroupement crédible, fort de 5,6 millions d’habitants, 208 500 entreprises, 1,830 million d’emplois salariés, 140 milliards d’euros de produit intérieur brut, cinq pôles de compétitivité et 150 000 étudiants.

L’arc nord-est Lorraine-Champagne-Ardenne-Picardie est un véritable projet de territoire pour éviter la tentation de l’hyper-métropolisation et construire, au contraire, une région multipolaire de coopération interurbaine entre Paris, l’Allemagne et le Benelux.

L’arc nord-est Lorraine-Champagne-Ardenne-Picardie est un projet économique structurant. Berceau des matériaux du futur avec trois pôles de compétitivité régionaux centrés sur les matériaux, troisième pôle français de production d’énergie nucléaire et premier pôle éolien, premier territoire européen de production agricole et de transformation agro-industriel, vecteur d’image et créateur de valeur ajoutée avec l’appellation « Champagne », l’arc Nord-Est est sans conteste un poids lourd de dimension européenne.

L’arc nord-est Lorraine-Champagne-Ardenne-Picardie, enfin, c’est une cohérence géographique et une destinée historique commune, porteuse d’un projet culturel et patrimonial fort, de pôles de compétence artistique complémentaires et d’un profil de développement culturel équivalent.

C’est pourquoi, conscient que la carte territoriale idéale n’existe pas mais qu’il est possible de s’en rapprocher, la perspective du rapprochement pragmatique de la Lorraine, de la Champagne-Ardenne et du département de l’Aine, vue depuis ma fenêtre champardennaise du département des Ardennes, m’apparaît digne d’intérêt et de raison.

Deux chemins sont alors possibles pour parvenir à cette volonté : soit le rapprochement de la Lorraine, de la Champagne-Ardenne et de la Picardie, suivi de l’exercice du droit d’option par les départements de l’Oise et de la Somme, soit le rapprochement de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne suivi de l’exercice du droit d’option du département de l’Aisne.

C’est donc animé de cet état d’esprit emprunt de réalisme que j’ai déposé cinq amendements au cours de cette deuxième lecture sur la base de ces deux options. Je les présente avec la volonté de fluidifier le droit d’option dans le respect du principe de libre administration des collectivités territoriales, et donc de la règle simple de la démocratie représentative qu’est la majorité absolue plutôt qu’une majorité des trois cinquièmes qui n’a pas grand sens dès lors que les assemblées délibérantes départementales et régionales auront été relégitimées par le peuple français en mars et juin 2015.

Qu’en sera-t-il du rapprochement avec la région Alsace, me demanderez-vous ? Le sens de l’État et le respect du principe constitutionnel d’organisation décentralisée de la République, de même que la prise en compte des aspirations de nos concitoyens et des débats parlementaires – qui en sont en quelque sorte le reflet – doivent nous imposer de raison garder, et par conséquent de savoir donner du temps au temps.

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