Intervention de Jean-Paul Bacquet

Réunion du 28 octobre 2014 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Bacquet :

Je voudrais d'abord féliciter le ministre pour la qualité de sa présentation. Mais, je me demande en quoi un traité commercial transatlantique aidera nos entreprises à surmonter leurs faiblesses à l'export et par quel effet il empêchera nos PME primo-exportatrices d'abandonner en trop grand nombre l'export au bout de un, deux ou trois ans – d'autant que plus de 60 % des entreprises exportatrices française exportent vers l'Europe. En réalité, nos structures d'accompagnement de l'exportation ont de très petits budgets au regard de leurs homologues italiennes, britanniques et allemandes – et vous savez, monsieur le ministre, la difficulté que connaît Ubifrance pour obtenir 5 millions d'euros supplémentaires. De surcroît, la multiplicité des intervenants rend souvent leur action incohérente et la décentralisation affaiblit nos outils à l'export.

Outre cela, le manque de stratégie et de coordination est patent et, souvent, l'Agence française de développement (AFD) joue contre son camp. Quand 3,2 milliards d'euros sont dégagés en faveur du Mali, dont 280 millions d'euros par la France, comment se satisfaire que les entreprises françaises présentes dans le pays ne réalisent que 18 % du chiffre d'affaires total, même si elles représentent 91 % des entreprises concernées. Sait-on qu'au grand dam de certains de nos ambassadeurs très motivés par la diplomatie économique, des appels d'offres sont passés dont les entreprises françaises sont éliminées d'emblée ? Une stratégie globale est pourtant possible, comme le montrent le Maroc et l'Algérie, qui veulent devenir des portes vers l'Afrique subsaharienne. Nous devons, de la même manière, exercer une diplomatie d'influence. En Afrique, les Chinois, les Canadiens, les Turcs et d'autres sont très performants car ils agissent avec méthode. Ainsi sont-ils déjà sur place quand un appel d'offres est lancé – contrairement à nous qui arrivons quand les jeux sont déjà joués, les cahiers des charges ayant été rédigés par d'autres. Nos entreprises ne sont pas motivées et, surtout en Afrique, les marchés sont souvent gagnés par ceux qui les préfinancent – les Chinois en particulier. L'AFD est une banque, mais quel est son rôle exact ? La Banque du Mali est prête à suivre, mais un petit coup de pouce ne serait pas inutile. Aussi Ubifrance, que j'ai l'honneur de présider, a-t-elle tenté d'obtenir que BPIfrance préfinance avec elle ce que l'AFD ne préfinance pas. En bref, à quoi serviront les accords commerciaux transatlantiques si nous ne révisons pas notre stratégie et si nous ne revoyons pas les moyens que nous allouons à l'exportation ?

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