Nous débattons de cette réforme depuis maintenant de nombreuses semaines, et même de nombreux mois. Le débat est passionné, et je le comprends, car tout ce qui touche à la question de l’identité, du sentiment d’appartenance, de la relation à l’histoire et du dialogue que l’on entretient avec ses racines touche à ce que les territoires et ceux qui les représentent ont d’ancré au plus profond d’eux-mêmes.
Mais je voudrais vous exposer, avec la plus grande sincérité, la démarche du Gouvernement, comme l’a déjà fait le Premier ministre lorsqu’il a présenté l’architecture globale de la réforme territoriale devant le Sénat, et lorsqu’il a répondu à l’une de vos questions, il y a de cela quelques semaines, devant l’Assemblée nationale.
Je pense d’abord très sincèrement que nous avons tort d’opposer ce qui relève de la singularité de l’histoire et des racines, d’une part, avec les exigences de la modernité, d’autre part. Nous avons tort de considérer que tout ce qui fait notre identité profonde nous serait retiré subitement si nous faisions le choix collectif d’inscrire nos régions dans des territoires de projet plus vastes, qui ont vocation à leur permettre de compter davantage dans l’Europe. Nous créerons en effet les conditions de l’émergence de laboratoires et de centres de transferts de technologies ; nous créerons les conditions du développement de relations entre les universités de ces régions et des universités de l’Union européenne, à une époque où l’usage du numérique, entre autres, conduit la jeunesse de notre pays, quel que soit l’endroit où elle naît et l’endroit où elle apprend, à vouloir rester fidèle à ses racines, tout en découvrant de nouvelles frontières.
Et je suis convaincu que l’Alsace ne se verra rien retirer, ne perdra rien de son histoire, ne perdra rien de ses formes urbaines, ne perdra rien de l’architecture de ses bâtiments…