Nous savons dans quelles conditions les choses se sont déroulées.
J’ai rencontré lors de ce périple alsacien différentes personnes d’un milieu professionnel et militant particulier. Tous les bords politiques étaient représentés, du Haut-Rhin, du Bas-Rhin, des villes et des campagnes. Quand je suis rentré dans le train, j’étais satisfait de ce que j’avais entendu du mouvement HLM, mais dépité par rapport au référendum qui se déroulait. Et je me suis souvenu alors que lorsque j’étais rapporteur de la contribution française au budget de l’Europe, lors d’un tour de France des régions, j’avais choisi de terminer par l’Alsace. À l’époque, Adrien Zeller en était le président. J’avais passé une journée avec lui et j’avais rencontré un Européen profondément convaincu, ambitieux, et qui se projetait vers l’avenir pour sa région. Et je vous rappelle que c’était la seule région qui avait la délégation de gestion, la seule qui ait été pratiquement autonome dans ses choix, sa gestion et son avenir. Adrien Zeller a disparu trop tôt pour nous, car il était exemplaire dans sa démarche, et plus encore pour l’Alsace. Je ne fais pas référence à ce qu’il aurait fait, mais à ce qu’il faisait à l’époque.
Vous avez le droit de contester le rattachement, l’union – pas un mariage, c’est une union avec deux autres régions – je suis Lorrain, nous sommes de la Lotharingie – si vous me permettez de faire un peu d’humour historique – et nous sommes attachés au droit local.
Il m’est arrivé, lors de la discussion de la loi sur les caisses d’épargne, alors qu’il n’y avait pas de collègues de Moselle ou d’Alsace, de prendre la défense du droit local afin de l’étendre dans le cadre de la réforme des caisses d’épargne. Sincèrement, nous n’avons pas de réticence par rapport à toute cette histoire qui nous est rappelée. Elle démontre notre fragilité face aux vicissitudes de l’histoire.
Mes chers collègues, vous auriez pu être un peu plus respectueux par rapport à certaines régions. Il est vrai que deux présidents de région ont commencé à dialoguer, et tout le monde a adhéré à cette démarche. De deux présidents de région, nous sommes passés à trois. Si demain, vous avez la capacité de négocier avec le ministre, le Gouvernement, le Président de la République, l’Europe, ou peut-être d’attendre des jours meilleurs et une future majorité alternative comme cela a été dit hier, libre à vous.
Mais qui, aujourd’hui, prendrait le pari d’une déconstruction de la loi que nous sommes en train de discuter ? En tant que Lorrain, je voudrais simplement dire que ces trois régions rassemblées sont une chance pour cette nouvelle unité. C’est peut-être plus encore une chance pour l’Alsace. J’ai ressenti, à certains moments, que certains de vos responsables avaient conscience des fragilités qui se mesurent, aujourd’hui, sur les plans économique et social.
Des choix doivent être faits. Pour moi, le choix, c’est toujours l’union autour de projets porteurs d’une ambition collective et commune. Vous faites référence à la République, elle vous offre aujourd’hui un nouveau palier.
Hier, j’étais en Bretagne. Dans la salle, il y avait mille Bretonnes et Bretons rassemblés. Et chaque fois que dans cette salle, quelqu’un faisait référence aux quatre départements, il y avait toujours une voix, comme un écho, pour dire : « Et le cinquième ! »
Ne gâchons pas notre avenir, je voulais simplement témoigner que l’on peut vous écouter, que l’on peut entendre certains arguments mais que ce ne sont pas des arguments qui préparent l’avenir de la République, de l’Alsace, de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne.