Je me suis bien gardé d’intervenir, ce qui aurait pu entretenir une certaine forme de confusion.
Mais désormais il est important de replacer les perspectives données au territoire et à ses habitants et de faire de ce texte une perspective susceptible de mobiliser les régions.
Il existe naturellement des différences entre nos deux territoires, qui sont grands et divers, mais surtout ils sont grands de par leur diversité, ce qui doit être une ambition commune qu’il convient de renforcer.
S’agissant de la fusion du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie, je salue la façon dont Bernard Roman a rédigé et présenté son amendement, qui n’est pas une remise en cause de la nécessité de cette fusion. Il était important de le souligner car nous pourrions en douter.
La réalité est que cette fusion est nécessaire, tout d’abord pour des raisons de cohérence territoriale, et le ministre l’a rappelé de belle manière en insistant tout d’abord sur la cohérence territoriale. Nous avons en effet en commun une façade maritime qui demain alliera les 70 km de côtes de la Picardie et les 120 km de côtes du Nord-Pas-de-Calais. Nous avons également une complémentarité portuaire, qui profitera à ce qui devrait être un enjeu national pour la France, à savoir la croissance bleue, perspective de développement durable.
Je sais, pour avoir exercé certaines responsabilités, que notre région est l’une des rares en France à disposer d’un parc naturel commun avec le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale, qui en assure la préservation.
Cette complémentarité, ce sont aussi des projets structurants. Il n’y a donc pas d’oppositions entre nos régions mais des coopérations – coopérations universitaires, mais aussi grands projets structurants.
Je voudrais évoquer quelques instants ce qui doit être l’une des ambitions de cette grande région, à savoir la réussite du projet de canal Seine-Nord et celle d’autres projets similaires.
Cette région se trouve au coeur des enjeux d’aménagement, de mobilité, au coeur du triangle des grandes capitales que sont Paris, Londres et Bruxelles, ce qui en fait un territoire pertinent pour les grands flux européens de personnes et de marchandises, quel que soit le mode de mobilité utilisé – terrestre, maritime, et demain fluvial.
Cette région est le lieu d’une cohérence économique puisqu’elle accueille plusieurs pôles de compétitivité, qu’il s’agisse d’I-Trans et de son rayonnement international, dont j’ai été le témoin, et d’une complémentarité assurée par un grand nombre de PME et de PMI dans les domaines de l’innovation, des transports, de la mobilité. Les industries ferroviaires dans le Nord, l’aéronautique en Picardie, le pôle UP-Tex et l’industrie du textile : tels sont les principaux enjeux de notre rayonnement. Voilà pour la cohérence.
La cohérence des acteurs économiques n’attend pas que nous retrouvions la confiance, et surtout elle ne se limite pas à des frontières administratives, qui sont évolutives, ni à des frontières qui pourraient être figées ou prorogées.
Nous devons tenir compte d’une réalité que l’on ne peut gommer. J’ai entendu, hier et aujourd’hui même, les discours et les débats dont a fait l’objet la région Alsace. Mais lorsqu’une région possède une identité forte et un patrimoine commun, il est important de le souligner et de donner toute sa chance à l’ambition.
Le ministre de l’intérieur a souligné que la rénovation des cadres doit nous redonner confiance. Il a raison, car, comme M. Bricout le rappelait à l’instant, nos territoires sont marqués par des doutes et des craintes car ce sont des territoires qui souffrent, peut-être plus que d’autres. Mais pour répondre à la souffrance, si nous voulons éviter qu’elle soit exploitée par des mouvements extrémistes, il faut donner des perspectives, de la confiance, de la volonté et un grand dessein pour une grande région et un grand projet.