Oui, il serait utile de réserver les cellules individuelles aux primo-arrivants qui le demandent. C'est une bonne idée de vouloir généraliser ce qui s'applique déjà dans la plupart des établissements où un quartier est réservé aux primo-arrivants.
« Indemniser » pour cause de surpopulation, pourquoi pas ? Cependant, je crains que ce soit une manière de se défausser et de ne jamais arriver à l'encellulement individuel.
La séparation entre prévenus et condamnés est obligatoire, mais je ne suis pas convaincue qu'elle ait un sens et qu'il faille la maintenir, d'autant qu'elle pose d'énormes problèmes de gestion de la population carcérale aux directeurs d'établissements. Un prévenu est certes présumé innocent, mais est-ce que cela l'empêche de cohabiter avec une personne déjà condamnée ?
Pour revenir à la question posée par le président, je rappelle que ma mission consiste à visiter les établissements, mais aussi à répondre à des saisines individuelles, ce qui représente plus de 4 000 lettres par an. Il y a quelques jours, j'ai encore reçu le témoignage poignant d'un détenu qui raconte que l'octroi d'une cellule individuelle l'a sauvé et a permis sa réinsertion. À l'inverse, une femme, qui est détenue en Bretagne et qui souhaite un encellulement individuel, m'explique qu'on lui propose de partir à Grenoble pour en bénéficier. « Je ne vais pas partir à l'autre bout de la France sous prétexte que je veux être seule car je veux garder mes liens familiaux et mes chances de réinsertion », écrit-elle. Nous recevons des cris de détresse de personnes qui ne peuvent pas être en cellule individuelle.