Intervention de André Schneider

Réunion du 28 octobre 2014 à 18h00
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Schneider :

Les propos de Marie-Louise Fort incitent le terrien alsacien que je suis à apporter sa petite contribution au débat.

La Commission des affaires européennes, dont je suis membre depuis douze ans, a bien voulu me confier la rédaction de divers rapports sur l'énergie : le livre vert, la séparation patrimoniale, le troisième paquet, la situation énergétique en Europe. Pour la Commission des affaires étrangères, je travaille avec mon collègue Christian Bataille sur la géopolitique de l'énergie au niveau mondial.

La question est très complexe. À un moment donné, tout semblait réglé, au moins sur le papier, et nous pensions que tout le monde allait travailler en harmonie. Une fois sur le terrain avec nos collègues députés européens, les problèmes ont commencé. Vous touchez à notre indépendance nationale, disaient les uns. Nous voulons des réserves de trois mois, demandaient les autres. Quant aux troisièmes, ils estimaient que deux mois de réserves suffisaient amplement.

Le premier affrontement entre la Russie et l'Ukraine, via Gazprom, a mis en évidence les divergences de point de vue entre les Autrichiens, les Allemands, les Polonais et nous. Les stratégies divergent aussi sur le nucléaire. La main sur le coeur, mes voisins d'outre-Rhin disent qu'ils n'en veulent pas, mais quand ils manquent d'énergie, ils pompent l'électricité de Fessenheim dont ils sont d'ailleurs co-actionnaires. C'est à n'y rien comprendre.

Que faisaient nos pétroliers ? Ils fabriquaient du super. Que faisaient les constructeurs automobiles pendant ce temps ? Ils fabriquaient des moteurs diesel. Résultat des courses : nous avons bradé notre essence ; nous avons perdu nos raffineries ; nous avons importé du gasoil. Nous pourrions déjà nous mettre d'accord sur ce genre de choses, avoir un vrai régulateur européen, quel que soit son nom, et une vraie politique commune d'approvisionnement. Mais nous ne sommes pas d'accord entre nous ! Pour l'approvisionnement en gaz, certains sont plus proches des pays du nord, mais nous restons très tributaires du gaz russe et nous avons construit des ports méthaniers, etc.

Il faudrait que nous ayons un peu de cohérence et que nous dépassions les clivages politiques car l'énergie est la puissance de demain. De nos choix dépend le bonheur de nos enfants et de nos petits-enfants. Merci, madame la présidente de nous réunir sur ce sujet extrêmement important. Si nous pouvions avancer vers une vision commune acceptable par tous, ce serait déjà bien, il n'y aurait plus qu'à convaincre vingt-six autres pays. Plutôt que de réciter chacun sa petite litanie, nous devrions rechercher le plus grand dénominateur commun, comme nous disions à l'école primaire. Si vous pouviez le mettre au point, vos noms resteraient dans l'histoire.

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