Monsieur le président, nous sommes enchantés d'être parmi vous aujourd'hui. Je vous remercie pour le dîner d'hier et me permets de vous remettre en cadeau un souvenir : une reproduction de la porte de Brandebourg, symbole de la chute du mur de Berlin dont nous avons récemment fêté le vingt-cinquième anniversaire.
L'Allemagne souhaite contribuer au succès du prochain sommet sur le climat. En effet, le cinquième rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) montre que la situation est catastrophique et qu'il nous faut fournir de gros efforts pour maintenir l'élévation de la température en deçà du seuil de 2 °C. Si l'on ne fait rien pour limiter nos émissions de CO2, le réchauffement se poursuivra et pourrait atteindre un point de basculement. Les modifications climatiques sont d'ores et déjà manifestes : la fonte des glaces du pôle Nord perturbe le courant-jet polaire, entraînant des hivers plus froids et des phénomènes naturels tels que l'ouragan Sandy qui a durement frappé New York. À l'avenir, le pôle Sud sera également touché et le niveau de la mer remontera de plusieurs mètres, menaçant d'inondation de nombreuses communes littorales. Nous connaissons dès à présent des conditions climatiques extrêmes, alors que nous ne les prévoyions que d'ici à dix ou quinze ans. En 2003, une canicule a provoqué des morts, notamment en France ; des inondations, des épisodes de sécheresse et de fortes tempêtes frappent la France et l'Allemagne. Les dommages infligés par le changement climatique ne cessent de s'aggraver, et les réparer coûte de plus en plus cher. Les enquêtes – notamment celle effectuée par Nicholas Stern à la demande du secrétaire général des Nations Unies – montrent que notre action peut nous permettre de limiter les dégâts.
Que peut-on faire au niveau national ? L'Allemagne souhaite, d'ici à 2020, réduire ses émissions de CO2 – actuellement plus fortes qu'en France – de 40 % par rapport à l'année de référence 1990. Les modalités d'exécution de ce projet – faut-il débrancher les centrales à charbon obsolètes ou privilégier d'autres moyens ? – font l'objet d'une discussion. En tout état de cause, nous souhaitons rendre cet objectif contraignant afin de nous assurer de sa réalisation, secteur par secteur. Là aussi, le débat porte sur les instruments : faut-il passer par la loi ou bien par un programme d'action pour la protection du climat ?
Il faut également réduire les émissions au niveau international, et la COP21 qui se déroulera l'année prochaine à Paris apparaît à cet égard extrêmement importante. L'Union européenne doit adopter une position plus vigoureuse et parler d'une seule voix. Les députés allemands souhaitent vous apporter leur soutien : nous avons l'intention d'entrer en contact avec nos collègues polonais afin de nous concerter sur une position commune.
Soulignons que, comme le montre le rapport du GIEC, le financement de la protection du climat est à notre portée. En effet, lutter contre le changement climatique coûte beaucoup moins cher que remédier à ses dégâts. La protection du climat constitue également un secteur économique créateur d'emplois. Ainsi, la loi sur les énergies renouvelables a permis à l'Allemagne de créer près de 4 000 emplois, contribuant à dynamiser l'économie. La création de valeur est particulièrement patente pour l'agriculture, puisque cette loi permet à nos exploitants agricoles de bénéficier de recettes supplémentaires qui viennent s'ajouter à celles qu'ils tirent de leur activité traditionnelle. La protection du climat recèle donc un potentiel de croissance et fait sens non seulement du point de vue écologique, mais également économique. Malgré les nuances dans les positions d'un groupe parlementaire du Bundestag à l'autre, nous sommes d'accord sur les objectifs à atteindre et prenons tous l'enjeu au sérieux. C'est le principal message que nous voulons faire passer.