Au début, la transition énergétique nous a coûté très cher, notamment à cause du coût du photovoltaïque. Pour un même type d'installation, celui-ci est passé de soixante-cinq à douze ou treize centimes le kilowattheure, soit une réduction de 80 %. Si les nouvelles installations sont bien moins coûteuses, les investisseurs continuent durant vingt ans à être rémunérés pour les anciennes au prix de l'époque ; au total, ce type d'énergie reste cher. À cet égard, vous avez un avantage sur nous, puisque vous pouvez investir directement dans les nouvelles installations bon marché ; en payant le développement industriel, nous avons essuyé les plâtres pour tout le monde.
Par ailleurs, le prix de l'électricité à la bourse a baissé, passant de huit centimes le kilowattheure en 2008 à quatre centimes. Or, si un kilowattheure éolien coûte quatre ou cinq centimes, un kilowattheure photovoltaïque en coûte neuf. Les énergies renouvelables ne sont donc pas encore très rentables, mais nous reviennent néanmoins moitié moins cher que le plan de construction de nouvelles centrales nucléaires en Grande-Bretagne. En somme, la situation a considérablement évolué ces dernières années.
La transition énergétique a-t-elle été trop rapide ? Certes, à la suite de l'accident de Fukushima, nous avons tout de suite arrêté huit centrales, mais la coalition rouge-verte avait de toute façon prévu une sortie du nucléaire au plus tard en 2020. Nous avons réussi à remplacer les deux tiers des capacités de ces centrales par des énergies renouvelables. C'est l'augmentation des prix à la bourse de l'électricité en 2008 qui a conduit nombre d'acteurs à investir dans le charbon et le lignite. En conséquence, nous nous retrouvons aujourd'hui avec des capacités excédentaires qui induisent une baisse des prix à la bourse et nous amènent à exporter trente-sept térawattheures par an, soit la production de huit à dix grandes centrales à charbon. Il faut essayer de réduire ces excédents.
Les centrales à charbon font également l'objet de divergences politiques : si nous souhaitons les abandonner – à commencer par les plus anciennes d'entre elles –, d'autres partis attirent l'attention sur le coût d'une telle décision en termes d'emplois dans les régions concernées.
Les agriculteurs apparaissent comme les grands gagnants de la transition énergétique. Certes, le recours à la biomasse peut être critiqué – il entraîne l'apparition de monocultures et la pollution aux nitrates –, mais les exploitants agricoles sont rémunérés pour les éoliennes installées dans leurs champs et les installations photovoltaïques sur les toits de leurs granges. Aujourd'hui, les agriculteurs qui produisent de l'énergie bénéficient de revenus plus stables que s'ils se contentaient d'une production à usage alimentaire. C'est dans les zones rurales qu'est aujourd'hui créée la valeur. En ce qui me concerne, je souhaite développer les énergies renouvelables dans la Ruhr – dominée par les entreprises RWE et E.ON – afin d'ouvrir des perspectives pour la population.
L'aménagement d'un site de stockage de déchets nucléaires représente un défi majeur ; c'est pourquoi nous avons mis en place un groupe de travail transpartisan, ce qui permettra de réfléchir à la meilleure solution possible pour l'Allemagne.