Intervention de Najat Vallaud-Belkacem

Réunion du 19 novembre 2014 à 16h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Vos interventions étaient, comme je l'imaginais, très riches. Croyez-moi, elles retiennent toute notre attention : nous ne pensons, ni l'une ni l'autre, avoir toujours raison, nous ne sommes certainement pas omniscientes. Nous avons des objectifs et des projets, mais souvent, pour réformer et innover, on progresse en marchant.

Monsieur le président, vous m'interrogez sur la spécialisation progressive en licence. Les étudiants peuvent en effet désormais s'inscrire dans un bouquet de mentions, avec la possibilité de ne choisir qu'en fin d'année la voie dans laquelle ils veulent continuer. C'est donc une aide à l'orientation. Cette spécialisation progressive se met en place petit à petit : elle est déjà effective à Nantes, à Lille, Lyon 1 ou Paris 6, par exemple. Nous en dresserons, en fin d'année, un bilan que je vous transmettrai. En tout cas, la mise en place de cette mesure a été grandement facilitée par la simplification des intitulés des diplômes de licence, dont nous avons drastiquement réduit le nombre.

Vous évoquez également le versement des dotations pour le quatrième trimestre 2014. Certaines inquiétudes ont effectivement été exprimées par la CPU. La fin de gestion 2014 a pu amener le ministère des finances à resserrer quelques boulons, mais nous sommes trop attachés au bon fonctionnement des universités : toutes les dotations utiles leur seront versées.

Madame Doucet, sur la question des frais d'inscription, notre position est constante : le modèle français se situe entre le modèle anglo-saxon de frais très élevés et celui d'autres pays où l'éducation est entièrement gratuite. Nous préserverons cet équilibre.

Nous refusons la sélection à l'université parce que nous voulons la démocratisation la plus large. En revanche, nous voulons travailler à une meilleure orientation des étudiants, dans leur propre intérêt.

Monsieur Breton, comme plusieurs autres intervenants, vous nous interrogez sur les ESPE. C'est là, je l'ai dit, une réforme de grande ampleur : ses effets doivent être appréciés à long terme. Nous suivons la mise en place des ESPE de façon très étroite, dans le respect, bien sûr, de l'autonomie des universités. Le comité de suivi, présidé par Daniel Filatre, a rendu son rapport, comme les inspections générales. J'ai évoqué, dans mon propos introductif, des points de vigilance : ce sont autant de marges de progression pour le futur. Geneviève Fioraso et moi-même – c'est l'un des avantages d'un ministère unique pour l'enseignement scolaire et l'enseignement universitaire – réunirons, dans les jours qui viennent, un groupe de travail, qui intégrera la CPU, les recteurs, les ESPE, les directions générales. Il permettra de dresser une liste de ces points sur lesquels nous devons progresser.

Je veux insister ici sur le fait qu'académie par académie, les ESPE ont également su s'adapter et progresser ces derniers temps : certaines questions qui se posaient il y a quelques semaines ne se posent plus aujourd'hui. Ainsi, les enseignants stagiaires déjà titulaires d'un master doivent seulement un mi-temps en formation ; mais les parcours adaptés existent réellement au sein des ESPE, et nous travaillons à généraliser les bonnes pratiques. Petit à petit, l'adaptation au profil des étudiants progresse. La formation est obligatoire, mais on ne demande pas aux étudiants de valider à nouveau un diplôme s'ils l'ont déjà obtenu : s'il demeure des malentendus sur ce point, je veux les lever devant vous.

Au sujet d'APB, nous avons, cette année, décidé de simplifier les intitulés de licence, ce qui a permis de ramener leur nombre de 320 à 45. Nous avons mis en place le comité des usagers ainsi qu'un numéro vert, qui permet un retour direct sur ce que ces derniers perçoivent de cet outil ; je serai en mesure de vous présenter le bilan de cette opération dans quelques mois.

Je comprends mal que vous voyiez dans les COMUE une concurrence potentielle vis-à-vis des territoires. À la différence des PRES (pôles de recherche et d'enseignement supérieur) souhaités par Nicolas Sarkozy, leur objet n'est pas de créer des rivalités et divisions entre les universités dites de « Shanghai », car bien classées par l'université Jiao Tong de cette ville, et les autres. Au contraire, il s'agit d'établir une vraie coopération entre les universités et les grandes écoles, dans un esprit propice à l'aménagement des territoires. Cette dynamique est d'ailleurs souhaitée localement par tous les acteurs concernés.

Je remercie M. Allossery d'avoir évoqué la question de l'engagement associatif, qui doit être mieux mesuré et valorisé dans la notation et les crédits des étudiants. Nous avons adressé une préconisation en ce sens aux universités et aux écoles dans le cadre de la politique de vie étudiante des établissements. C'est un sujet auquel Geneviève Fioraso et moi-même sommes particulièrement sensibles. Nous souhaitons inciter davantage les étudiants à s'engager en lien avec la société civile pendant une partie de leurs études, notamment à travers le service civique cher au Président de la République.

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