Madame la ministre, sans revenir au débat que nous avons eu il y a quelques années, je constate simplement que la réforme qui est actuellement appliquée est, pour vous, un double échec.
Premier échec : on connaît le déficit des systèmes de retraite – 20 milliards d’euros – et l’on sait qu’avec votre réforme, on ne fera pas le tiers du chemin conduisant à sa réduction. Deuxième échec : ce gouvernement a été conduit à bloquer les petites retraites durant dix-huit mois, ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Voilà encore une traduction directe de la baisse du pouvoir d’achat – sujet dont on parle beaucoup actuellement – due au fait que vous n’avez pas eu le courage d’engager une réforme ambitieuse.
Vous saviez très bien, lorsque vous avez pris vos décisions, qu’il y aurait ces déficits de 20 milliards d’euros à la clé. Et pourtant, vous disposiez de tous les documents nécessaires, notamment de la part du Conseil d’orientation des retraites. Bref, chacun savait ce qu’il convenait de faire.
Il est vrai, madame la ministre, que vous avez déjà fait un grand écart. En effet, vous expliquiez à la tribune de notre assemblée que, quoiqu’il arrive, si vous gagniez l’élection présidentielle, on reviendrait à la retraite à 60 ans : il s’agit naturellement d’une promesse qui a été complètement mise de côté, puisque seules quelques dizaines de milliers de personnes peuvent, à l’heure actuelle, partir à la retraite à 60 ans.
Ce qui est grave, surtout, c’est qu’il y a encore un déficit de 13,5 milliards d’euros que l’on n’arrivera pas à combler. Ce qui est grave – puisque l’on vient d’avoir ce débat – c’est que l’on ne rapprochera pas les régimes du public et du privé, dont vous sanctuarisez, au contraire, les différences très importantes et d’ailleurs incontestables. Ce qui est grave, enfin, c’est l’absence d’extinction progressive des régimes spéciaux.
Le Sénat a eu le courage d’acter le fait qu’il faut allonger la durée de cotisation et dire aux Françaises et aux Français qu’ils partiront à la retraite plus tard. Nous préférons, pour notre part, qu’ils partent plus tard avec une meilleure retraite plutôt qu’ils deviennent des retraités pauvres, comme vous êtes en train de le décider.
Telles sont les raisons pour lesquelles nous approuvons la disposition introduite par le Sénat et souhaitons évidemment son maintien.