Nous sommes très heureux de vous recevoir ce soir, madame Houtman.
Dans le cadre de ses travaux, notre commission d'enquête examine les différents éléments de la construction tarifaire, du producteur jusqu'au consommateur final, que ce dernier soit un industriel ou un particulier. Les constructions tarifaires diffèrent sensiblement d'un État membre à l'autre, l'élément fiscal ou parafiscal jouant d'ailleurs un rôle croissant dans cette différenciation.
Une étude d'octobre 2014, qui émane non pas de votre direction générale mais de celle des affaires économiques et financières de la Commission, a retenu notre attention. Elle porte sur ce qui est appelé les « déficits tarifaires » dans le secteur de l'électricité. Par cette notion, il faut entendre les écarts entre coûts réels et prix de détail, encore très importants dans certains pays, alors que le marché de l'électricité est ouvert à la concurrence depuis plusieurs années. Selon cette étude, le nombre de pays européens concernés par ces déficits tarifaires a augmenté depuis 2009 – ils sont actuellement onze – et leur montant représente 60 % de la consommation d'électricité de l'Union européenne. On observe les déficits tarifaires les plus élevés en Espagne, au Portugal ou en Grèce, du fait de la crise économique. En France, en Roumanie et en Bulgarie, les déficits tarifaires correspondraient, toujours selon cette étude, à une situation structurelle, tandis qu'ils ne présenteraient qu'un caractère temporaire en Allemagne et en Italie !
Nous n'entendons pas vous demander des explications détaillées sur des démonstrations économétriques complexes. Néanmoins, pouvez-vous nous éclairer sur les causes de cette différenciation entre pays ? En outre, estimez-vous que les dispositifs nationaux de soutien aux énergies renouvelables, eux aussi très différents, peuvent expliquer une partie de ces divergences ? Dans la quasi-totalité des États membres, à l'exception du Luxembourg et de la Finlande, le soutien aux énergies renouvelables est à la charge du consommateur final. Celui-ci paie un supplément dans sa facture à cet effet, qui est compris, en France, dans la contribution au service public de l'électricité (CSPE). À cet égard, on évoque souvent le soutien particulier que l'Allemagne accorde à sa grande industrie, laquelle se verrait assez largement exonérée d'un supplément tarifaire de cette nature qui pèserait, en revanche, sur les autres consommateurs. Qu'en est-il précisément ? Est-il exact que des procédures contentieuses ont été lancées, tant au niveau national qu'au niveau européen, à propos de cette distorsion de traitement ?
D'une manière générale, quel est l'avenir des tarifs réglementés ? Leur mise en oeuvre a-t-elle effectivement abouti à creuser les différences entre les États membres ? Du point de vue de la Commission européenne, conviendrait-il de sortir au plus vite du système des tarifs réglementés, en ne laissant subsister comme cadre dérogatoire, dans chaque pays, que des tarifs sociaux destinés aux consommateurs en situation de précarité ?
Enfin, quelles ont été les conséquences des insuffisances constatées dans le fonctionnement du système d'échange des quotas de dioxyde de carbone ? N'aurait-il pas été souhaitable que ce système ait des effets sur l'évolution des régimes tarifaires appliqués aux industriels ? Quels sont les projets de la Commission européenne en la matière ?
Conformément aux dispositions de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958, je vous demande de prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.