Intervention de Bernard Cazeneuve

Réunion du 8 octobre 2014 à 8h15
Commission des affaires étrangères

Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur :

Madame Guittet, dans le cadre de procédures judiciaires ou d'enquêtes préliminaires, il est en permanence procédé à l'arrestation de personnes de retour du djihad, suspectées d'avoir participé à des opérations terroristes. À ce jour, trois cent quatre-vingt-quatorze personnes sont concernées dans le cadre de soixante-quatorze affaires judiciaires qui ont conduit à l'arrestation de cent vingt individus. Quatre-vingt-cinq personnes sont mises en examen, soixante personnes sont écrouées, vingt-cinq sont placées sous contrôle judiciaire, et près d'une dizaine de mandats d'arrêt internationaux ont été lancés.

Monsieur Marsaud, vous évoquez une certaine initiative. Je n'ai pas pour habitude de commenter des événements ou des faits que je ne confirme pas. Soit parce que je n'ai pas à le faire, soit parce ces événements ou ces faits n'ont pas d'existence. En conséquence, je n'en dirai pas plus, même si j'en ai déjà dit beaucoup…

Madame Saugues, monsieur Mariani, la MIVILUDES n'est certainement pas le seul outil dont nous disposions pour lutter contre le terrorisme. Elle fait cependant partie des acteurs que nous avons mobilisés pour faire face à un problème de grande ampleur, et elle accomplit un travail extrêmement utile.

Madame Faure, nous travaillons avec les Britanniques et avec le coordinateur de l'Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, M. Gilles de Kerchove, à l'élaboration d'un contre-discours. Nous souhaitons faire financer par la Commission européenne, à partir des travaux effectués par les Britanniques, la diffusion d'actions pédagogiques à destination des jeunes européens.

Monsieur Habib, les services du ministère de l'intérieur n'ont pas communiqué sur l'arrestation des trois djihadistes de retour de Turquie. Certains journalistes qui détenaient plusieurs jours auparavant des informations sur le vol de retour de ces ressortissants français ont demandé une confirmation à ce sujet. En off, nous leur avons indiqué que l'information était juste, tout en signalant qu'il semblait prudent d'attendre l'atterrissage des personnes en question avant une diffusion. Sur les questions de terrorisme, nous essayons d'entretenir avec la presse une relation de confiance fondée sur la responsabilité. Absolument aucun communiqué officiel sur ce sujet n'a été diffusé en dehors de la mise au point que j'ai effectuée moi-même dans la soirée.

Cet été, j'ai pris mes responsabilités lorsque des manifestations ont été annoncées dont je savais par les réseaux sociaux qu'elles devaient donner lieu à des actes antisémites et des violences : je les ai interdites. La liberté de manifestation n'est pas négociable ; il est parfaitement légitime de manifester pour le droit des Palestiniens à disposer d'un État – j'ai moi-même pris part à de telles manifestations dans le passé. En revanche, dès lors que les réseaux sociaux ou des affiches annoncent qu'une manifestation sera l'occasion de « descendre dans les quartiers juifs », d'« attaquer des commerces », et de commettre des violences à la sortie des synagogues, je me dois d'empêcher qu'un déferlement de haine antisémite puisse avoir lieu dans les rues. Il était de ma responsabilité d'interdire de telles manifestations sachant que des violences de cette nature avaient déjà eu lieu lors de manifestations précédentes après avoir été annoncées. L'interdiction n'a donc en aucun cas engendré la violence ; elle résulte plutôt des violences passées.

Les chiffres que je vous ai communiqués proviennent du croisement des données fournies par divers ministères. Des cas ont évidemment pu ne pas être décomptés, mais les ordres de grandeur correspondent bien à la réalité.

Monsieur Germain, le phénomène de radicalisation est ancien en France. Il est notamment passé par les prisons et les réseaux sociaux. Cela peut expliquer que notre pays soit particulièrement touché. Nous travaillons avec Mme Christiane Taubira, garde des sceaux, ministre de la justice, sur le problème des prisons.

Le dévoiement du message réel de la religion musulmane permet de leurrer ceux qui ressentent un besoin d'idéal. Nous analysons de façon fine les mécanismes d'endoctrinement afin de les combattre.

Monsieur Quentin, 80 % des départements français sont concernés par la radicalisation. Le phénomène n'épargne donc pas le milieu rural. J'ai demandé à toutes les forces de sécurité qui dépendent de ma responsabilité de se mobiliser ; cela concerne évidemment les services de gendarmerie.

Monsieur Mariani, le PNR sera mis en place dans les délais les plus brefs compte tenu de l'indispensable respect des procédures de droit.

Les personnels affectés à la surveillance de ceux qui reviennent sont moins nombreux que ce que l'on pourrait souhaiter. En effet, entre 2007 et 2012, cent vingt postes ont été supprimés à la direction générale des services de la sécurité intérieure. Aujourd'hui 50 % des services de la DGSI sont mobilisés sur le sujet. Le Gouvernement a donc décidé de créer quatre cent trente-deux postes dans ces services.

Madame Imbert, tous les territoires font l'objet d'un traitement particulier. Tous les jours, des arrestations ont lieu, pas nécessairement à Toulouse, mais partout en France. Certaines ont lieu en ce moment même. Notre action est permanente.

Monsieur Martin-Lalande, l'audiovisuel extérieur ne relève pas de la compétence du ministère de l'intérieur. Il doit être mobilisé car la qualité des informations, des programmes et des journalistes concernés plaide en faveur d'un accès le plus large possible.

Madame Fourneyron, j'ai communiqué toutes les informations qui pouvaient l'être concernant les attentats terroristes que vous évoquiez. Vous en dire plus serait soit faire oeuvre d'invention soit divulguer ce qui ne doit pas l'être.

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