Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 29 octobre 2014 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Il est peut-être préférable que l'engouement à l'égard du Brésil baisse. La France a en effet nourri beaucoup d'illusions sur notre capacité à remanier une relation distendue depuis longtemps avec ce pays. Pouvez-vous nous confirmer que ce dernier est un des plus protectionnistes ?

De plus, en matière de défense, les Brésiliens ont obtenu une technologie très sophistiquée en échange d'une vague promesse d'achat de Rafale, dont ils n'ont pas besoin.

Cette situation devrait nous amener à être plus prudents à l'avenir, en privilégiant des pays beaucoup plus ouverts, comme la Colombie, le Chili ou le Mexique, sachant que le Brésil présente des problèmes majeurs sur le plan agricole dans sa relation avec l'Union européenne.

Quant à la relation de l'Amapá avec la Guyane, elle est scandaleuse. Le pont sur l'Oyapock, sur lequel on avait fondé tant d'espoirs, est un magnifique éléphant blanc, pour lequel nous payons à l'année des dizaines de douaniers et de fonctionnaires de la police de l'air et des frontières dans une espèce de désert où il n'y a personne puisque nul n'emprunte le pont – celui-ci n'est pas ouvert du côté brésilien et la route n'y est pas réalisée, alors qu'elle est parfaite du côté français. D'ailleurs, l'Amapá est un état totalement enclavé et ce pont ne mène nulle part côté brésilien : la conception de ce projet est vraiment critiquable. Mais cela n'empêche pas des Brésiliennes de passer la frontière en pirogue pour accoucher ou toucher des allocations familiales. De plus, en matière d'orpaillage, la situation est hors de contrôle puisque le Brésil lève entre 30 et 50 tonnes d'or sur le territoire français – alors que les entreprises françaises sont quasiment inexistantes – grâce à des convois d'approvisionnement, d'essence ou d'instruments miniers, qui ruinent l'écologie et devant lesquels nos forces font ce qu'elles peuvent. Il n'y a toujours pas de politique sérieuse dans ce domaine et les Brésiliens ont un souverain mépris à l'égard de notre présence en Guyane, qu'ils considèrent comme un accident de l'histoire.

Je vous invite donc à un peu plus de lucidité à l'égard de ce grand pays, certes, mais qui ne nous aide pas beaucoup, ni politiquement, ni économiquement.

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