Notre collègue Bruno Le Roux avait une mission impossible – ou désespérée : dans l'un ou l'autre cas, il s'en est plutôt bien sorti. Il faut en effet oser proposer des démarches volontaristes de simplification, dans un ensemble essentiellement composé de syndicats et d'administrations ! Mais ces propositions ne suffiront pas à relancer durablement la compétitivité d'Air France et je pense que notre collègue en est pleinement conscient.
Je ne peux qu'être d'accord avec l'allègement des taxes qu'il appelle de ses voeux, afin de demeurer concurrentiel par rapport aux autres hubs européens.
En matière de sûreté, l'État ne paie rien : pire encore, les pouvoirs publics viennent de donner leur accord à un trafic aérien passant à deux minutes de l'Elysée, de la Tour Montparnasse et de la Tour Eiffel, composé d'avions d'affaires venus du Golfe et dont on ne connaît ni la provenance, ni la destination.
Il ne faut pas « pointer du doigt » Aéroports de Paris, comme l'a fait notre président : il s'agit d'un modèle dans le monde en matière de conception aéroportuaire intégrée. Ses concepts, ses méthodes, ses savoir-faire sont uniques au monde.
Le vrai problème – auquel notre collègue Bruno Le Roux, trop bien entouré par les syndicats, ne pouvait en vérité s'attaquer – est celui de la compétitivité d'Air France, plombée par des personnels pléthoriques : 480 personnes travaillent en Corse pour la compagnie, alors que toutes les études montrent que 160 personnes suffiraient à la tâche ! Dans chacun des départements et territoires d'outre-mer, les effectifs avoisinent la centaine : pourquoi cette différence avec l'Île de Beauté ? Se pose également la question de la baisse de qualité de service d'Air France : toutes les compagnies concurrentes sont meilleures que nous et il faut espérer que les 500 millions d'euros que la compagnie se propose d'investir suffiront à réduire l'écart.
On peut reporter certaines fautes sur l'État et sur Aéroports de Paris. Mais il faudrait qu'Air France, compagnie nationale qui fait notre fierté à tous, commence par s'appliquer à elle-même une série de mesures de redressement. Pour lutter à armes égales avec les compagnies low cost, il est indispensable de développer Transavia en Europe et les concessions accordées aux pilotes de ligne constituent une erreur magistrale.