Monsieur le président, je souhaiterais que l'on puisse aussi organiser une table ronde sur la question de la pêche en mer, sur l'impact de certaines pêcheries, sur la biodiversité et l'équilibre des écosystèmes.
Je voudrais revenir sur la question de la directive-cadre sur l'eau, qui nous impose d'atteindre un bon état des masses d'eau d'ici à 2015. Or nous savons que cet objectif ne sera pas atteint, qu'il s'agisse du bon état écologique et morphologique des cours d'eau ou de leur bon état « chimique ».
S'agissant des continuités écologiques, c'est un réel problème pour les poissons migrateurs. Si l'on essaie, dans certains cas, de restaurer les continuités écologiques, dans d'autres cas, on les rompt sans aucun problème.
Vous me permettrez d'évoquer la question du barrage de Sivens. Dans le cas de retenues d'eau situées dans des zones humides, on va à l'encontre de nos obligations européennes et du retour au bon état des masses d'eau. L'Europe devrait prochainement rendre un avis sur cette question. Nous sommes tous conscients de la nécessité de protéger la biodiversité de nos rivières, mais lorsqu'il s'agit de construire un barrage, que l'on peut finalement considérer comme inutile, très peu sont ceux qui s'indignent. J'aimerais connaître votre avis, madame et messieurs, sur la construction de ces ouvrages, souvent néfastes à la biodiversité et aux rivières, même si certains sont équipés d'ascenseurs ou d'autres dispositifs pour faire passer les poissons migrateurs.
Pour ce qui concerne les saumons et les anguilles, c'est une perte de biodiversité très symbolique et, au fond, exemplaire de ce qu'il se passe depuis des années. Il y a un choix à faire, soit celui d'une agriculture intensive et des polluants qui vont dans les eaux, et donc, dans les rivières, constituant ainsi des milieux parfaitement hostiles pour les poissons ; soit celui d'une agriculture durable et d'une exploitation des milieux soutenable dans la durée, qui permettraient le retour des équilibres écologiques, et donc la sauvegarde des individus présents et le retour des poissons migrateurs.
S'agissant de l'état chimique des eaux, la pollution aux métaux lourds – PCB, nitrates etc. – touche une très grande partie des rivières. En 2013, l'ANSES a rendu un avis recommandant de limiter la consommation de nombreux poissons. Selon l'Agence, les poissons d'eau douce, les anguilles, les carpes, les silures et autres étant fortement bio-accumulateurs, leur consommation devrait être limitée à deux fois par mois pour la population générale et à une fois tous les deux mois pour les populations à risques, comme les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants. La situation est extrêmement inquiétante, car tous les écosystèmes étant liés, la pollution des rivières signifie aussi la pollution des estuaires, des littoraux et de la haute mer. À ce rythme, on se demande quel sera l'avenir de la pêche de loisir, mais aussi celui de la pêche en mer. Devra-t-il se réduire à la pisciculture et aux poissons dans des aquariums ?
J'aimerais avoir votre avis sur la mise en place d'un vrai système pollueur-payeur avec, par exemple, une redevance incitative sur la pollution azotée, de façon à protéger les milieux.
Enfin, il y a quelques années, le saumon se portait un peu mieux en Irlande qu'en France. Quelle est aujourd'hui de la situation des poissons migrateurs en Europe ? Y a-t-il des pays dans lesquels cela se passe mieux et pour quelles raisons ?