Vous venez de dire, madame Laurence Abeille, que la croissance ne reviendrait pas, ce qui est en contradiction avec certaines déclarations gouvernementales… Mais pour le coup, c'est un axiome ! (Murmures)
Le modèle économique de la croissance, c'est le capital de la population, plus l'epsilon lié au progrès technique, lui-même fruit de l'innovation. En encourageant l'innovation, on essaie d'encourager la croissance – et c'est bien pour cela que l'on investit autant dans la recherche et le développement. Vous, vous prenez le problème à l'envers… Plutôt que de débattre sur la place du principe de précaution, débattons de l'innovation ; qu'est-ce qui vous gêne dans les termes d'innovation et de responsabilité ? Je ne pense pas que vous soyez hostile à l'innovation, pas plus qu'à la responsabilité. La responsabilité n'est d'ailleurs pas qu'environnementale ; elle peut-être aussi sociale – nous aurions pu parler d'innovation soutenable. Nous voudrions mettre en avant le principe d'une innovation propice à la croissance tout en restant responsables, ce qui est un beau mot ; dans ces conditions, je ne comprends pas comment on pourrait être contre.
À l'opposé, le principe de précaution est beaucoup plus restrictif, voire nuisible, puisqu'il prévoit de mettre des freins là où l'on pressent qu'il y a un risque irréversible. C'est une autre façon de concevoir le progrès. Évidemment, si vous prenez comme axiome que le progrès est terminé et si vous prophétisez la fin de la croissance, tel Francis Fukuyama annonçant la fin de l'histoire, il est inutile de consacrer l'innovation puisque vous n'y croyez pas. Mais moi, qui ne crois pas à la stagnation de l'humanité et crois la croissance possible, je veux la consacrer : voilà pourquoi je m'oppose à la suppression de l'article.