Intervention de Jacques Bompard

Réunion du 26 novembre 2014 à 9h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Bompard :

Face à la mutation du terrorisme islamiste à laquelle doit répondre notre pays, le temps des discours déconnectés du réel me semble dépassé. À force de ne pas vouloir se confronter à la réalité, le Gouvernement se montre inefficace en laissant la situation se cancériser, ce qui met d'ores et déjà gravement en danger la sécurité de nos concitoyens, qu'ils se trouvent sur le territoire national ou à l'étranger – l'assassinat sauvage d'Hervé Gourdel ne sait que trop bien nous le rappeler.

Mais il est déjà trop tard pour prendre des mesures de prévention du radicalisme islamique en France lorsque l'on sait que les Français sont devenus le premier contingent de djihadistes avec 900 candidats sur près de 3 000 Européens concernés – encore ces chiffres sont-ils certainement dépassés aujourd'hui. Dans de telles conditions, le problème de la sécurité en France doit devenir prioritaire. La loi du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme est insuffisante, notamment en ce qu'elle ne traite pas la question du retour en France des individus partis faire le djihad, se bornant à mettre en place un dispositif visant à les empêcher de partir.

C'est pourquoi je soutiens cette initiative qui vise à créer une commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes. Les menaces portant sur la sécurité des Français doivent nous amener à étudier les éventuelles lacunes de nos systèmes de contrôle anti-djihadistes, qu'il s'agisse des services de gendarmerie, de la police des frontières, des agents de nos ambassades ou des postes à l'étranger. Nous savons parfaitement que nos frontières sont des passoires et qu'en la matière, l'inefficacité est la règle.

S'il est certain que tous les musulmans ne sont pas islamistes, encore faudrait-il que le Gouvernement comprenne que l'islam radical mène systématiquement au terrorisme. Lorsqu'il acceptera enfin la réalité qui veut que les terroristes islamistes commettent leurs attentats au nom d'un islam radical, il sera en mesure de tenter de mettre en place tous les moyens nécessaires pour prévenir, détecter et surveiller les radicaux susceptibles de se livrer à des entreprises terroristes sur notre sol.

Combien de Mohammed Merah et de Medhi Nemmouche faudra-t-il avant que le Gouvernement ne se décide à protéger les Français et qu'il prenne les mesures nécessaires et efficaces pour lutter contre le terrorisme dans notre pays ? Un numéro vert anti-djihad et une interdiction administrative de sortie du territoire sont des moyens bien illusoires face à la menace des jeunes fous solitaires. On sait, à partir de l'expérience des djihads passés, qu'une partie de ces combattants ultra-radicalisés et formés au maniement des armes et des explosifs tenteront de se livrer à leur retour à des actes terroristes en France.

Par ailleurs, la difficulté n'est pas tant d'empêcher ceux qui veulent faire le djihad de quitter la France, mais bien de faire cesser le développement d'une haine contre notre pays, ses habitants, leurs traditions, leurs coutumes et leur religion. La question du terrorisme islamiste en France révèle avant tout la nécessité de défendre l'identité propre de la France et l'amour que l'on doit bien normalement et naturellement avoir pour son pays et ses traditions.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion