Sur votre demande, madame la Présidente, un troisième point, consacré à l'emploi en Europe, avait été inscrit à l'ordre du jour de notre réunion de Berlin.
La situation générale de l'emploi, comme vous le savez, est en effet extrêmement préoccupante dans toute l'Union européenne : avec près de 25,7 millions de personnes sans emploi, le taux de chômage s'élevait à 10,5 % en mars dernier, un taux en légère baisse par rapport à 2013 mais encore beaucoup trop élevé. D'autant que la carte européenne de l'emploi est marquée par des contrastes très forts, d'un État membre à l'autre et au sein de la plupart d'entre eux : alors que l'Autriche, avec 4,9 % de chômeurs, se rapproche du plein-emploi, certaines zones de Grèce ou d'Espagne se singularisent par des taux de chômage supérieurs à 50 %.
Une bonne partie de la discussion s'est focalisée sur le problème du chômage des jeunes, particulièrement préoccupant. Le sacrifice d'une génération tout entière sur le marché de l'emploi porte effectivement en germe une contestation du modèle économique et social européen.
Nous sommes notamment intervenus à propos de la « garantie pour la jeunesse », dont l'objectif est de lutter contre le chômage des jeunes en proposant à tous les Européens de moins de vingt-cinq ans – en fin de scolarité ou licenciés, en recherche d'emploi ou pas – une offre de qualité et personnalisée, consistant en un recrutement, un apprentissage, un stage ou une formation. Nous avons rappelé qu'il s'avère nécessaire, pour rendre ce dispositif efficient, de revoir radicalement ses modalités de financement ou bien d'extraire du calcul de la dette maastrichtienne les crédits mobilisés par les États membres au titre d'avances remboursables.
La présidente de la Diète polonaise, Agnieszka Pomaska, et plusieurs de ses collègues – qui représentaient uniquement les trois groupes parlementaires de la droite et du centre – ont quant à eux fait l'éloge de l'apprentissage et appelé au développement de ce système, particulièrement développé en Allemagne, jugé la meilleure solution pour amener les jeunes sur le marché de l'emploi.
Un parlementaire vert allemand a nuancé le succès de son pays en matière d'emploi en s'alarmant de l'augmentation de la précarité et de la pauvreté, un phénomène qui appelle une réaction politique rapide.
Plusieurs députés conservateurs allemands et polonais, illustrant les différences d'appréciation et de culture sociale qui existent encore au sein de l'Union européenne, ont au contraire évoqué l'instauration d'un SMIC en Allemagne au 1er janvier 2015, pour exprimer des réserves quant à la soutenabilité d'un salaire minimum, dans un contexte où les économies nationales doivent se battre pour se montrer compétitives face à la concurrence mondiale. La France a même été donnée en exemple pour les réformes d'assainissement structurel qui y sont menées actuellement. Comme quoi il est toujours intéressant de débattre avec nos collègues étrangers pour obtenir un autre éclairage sur l'actualité politique nationale !