Intervention de Philippe Knoche

Réunion du 26 novembre 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Philippe Knoche, directeur général délégué d'Areva :

Je confirme en effet les limites de l'exercice d'aujourd'hui – auquel je me prête néanmoins avec plaisir –, qui tiennent à la situation particulière d'Areva au regard de la gouvernance et à la phase d'analyse dans laquelle nous nous trouvons. Je tâcherai de vous livrer des éléments d'information sur les travaux en cours et je m'engage à revenir vers vous lorsque ceux-ci seront achevés.

Le directoire et moi-même avons décidé le 18 novembre de suspendre les perspectives financières. En d'autres termes, nous considérions que les informations données aux marchés sur les anticipations de résultat n'étaient plus valables.

Comme nous l'avions indiqué dès la publication de notre plan de redressement en 2011, le groupe est confronté aux conséquences, d'une part, de l'accident de Fukushima qui a conduit à arrêter les centrales nucléaires au Japon et en Allemagne et, d'autre part, de la crise économique qui a pour effet de diminuer la demande électrique.

À ce contexte, s'ajoutent des éléments internes à l'entreprise. Le niveau de la dette d'Areva est lié à deux facteurs : les investissements dans les capacités, afin de remplacer dans toute la chaîne du cycle combustible les usines des années soixante et soixante-dix, et les grands projets que vous connaissez et qui occasionnent des pertes.

Les incertitudes de l'année 2014 se sont révélées négatives pour le groupe. Dès l'été, nous avons revu nos objectifs pour 2015 et 2016. Depuis, la situation s'est détériorée, en raison du décalage de la signature de contrats pour les réacteurs mais aussi de mauvais résultats dans l'aval du cycle ou dans les énergies renouvelables qui ont fortement affecté notre premier semestre.

Par souci de transparence et par respect pour les salariés, les actionnaires, l'État ainsi que les prêteurs, nous avons souhaité faire connaître la situation.

Areva n'est pas confronté à un problème de trésorerie à court terme. Le groupe dispose d'un peu plus de 2 milliards d'euros de trésorerie en banque, à mettre en regard des 7 milliards de dette brute. En revanche, pour le moyen terme, nous devons dès aujourd'hui nous mettre au travail pour sortir du cercle vicieux du surendettement.

Le travail accompli ces dernières années a permis d'abaisser la pression de la dette. La réduction des coûts a permis d'économiser un milliard d'euros tandis que les dépenses pour les investissements très lourds, qui entrent dans une seconde phase, diminuent, passant de 2 milliards d'euros par an à 1 milliard.

Mais le plan de redressement ne suffit plus. Nous devons travailler sur trois axes et établir un plan complet de moyen terme d'ici la fin du mois de février.

Premier axe, développer des partenariats en Asie et dans les pays en croissance car la demande y est forte dans le nucléaire et le renouvelable ; deuxième axe, gagner en compétitivité et en flexibilité. Plus de la moitié des effectifs d'Areva se trouvent en France, où le groupe réalise un tiers de son chiffre d'affaires. C'est une fierté. Mais, en France comme à l'international, nous sommes soumis à une concurrence forte sur des marchés dégradés ; troisième axe, passer en revue les grands projets, qu'il s'agisse de la Finlande ou de Flamanville, avec EDF et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

La nouvelle gouvernance du groupe doit s'atteler à la révision des perspectives stratégiques et au renforcement du plan de performance opérationnelle.

La France a la chance de disposer avec Areva d'équipes compétentes et motivées ainsi que de technologies qui sont des références dans le domaine du nucléaire, particulièrement en matière de sûreté. Ces atouts doivent être mis à profit pour conquérir des marchés. L'Agence internationale de l'énergie estime que les capacités nucléaires augmenteront de 50 % d'ici 2030.

L'exercice de révision et de planification commence. Jusqu'à son terme, mes réponses seront prudentes. Les travaux porteront sur les trois axes que j'ai évoqués mais aussi sur la structure financière du groupe. Nous devons dans ce cadre tirer les leçons des premières têtes de série de l'EPR sans remettre en cause l'essentiel. À cet égard, Philippe Varin a affirmé que l'EPR était un atout pour la France.

Pour terminer, je rappelle les propos de M. Emmanuel Macron : « Notre volonté, c'est la consolidation de l'entreprise et sa continuité ».

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