Chacun aborde la question à l'aune de sa philosophie et de ses convictions, et c'est une bonne chose. Vous avez évoqué, Mon colonel, la difficulté qu'ont certains pays à délivrer le feu ou à entrer dans des zones de combat. Il est vrai que la Constitution française confère au président de la République un pouvoir absolu de décision. Ce n'est pas le cas dans d'autres pays.
Je suis évidemment très hostile à la syndicalisation des militaires. Si on veut faire de la politique, avoir un uniforme, rentrer à seize heures trente à la maison et faire la grève, on va à la Poste ou à la SNCF !
Les instances de discussion qui existent dans l'armée fonctionnent bien. Les militaires élus par leurs pairs y font un travail remarquable. Je constate moi aussi combien les choses ont changé depuis trente ans, et c'est tant mieux. Et j'ai moi aussi observé des formes de hiérarchie ethnique au sein de nos forces en Afghanistan : quand le gradé commande, c'est parfois le chef d'une tribu qui décide. Ces règles, on ne pourra pas les changer au prétexte que certains ont décidé qu'il fallait introduire un peu de syndicalisme dans les régiments !
D'ailleurs, si les gendarmes voulaient se syndiquer – ce qu'ils ne souhaitent pas –, ils pourraient toujours rejoindre la police où ils trouveront tout le confort syndical. Je considère pour ma part que c'est une fausse bonne idée.