En tout cas, on m'a entendu !
C'est ainsi que Christian Paul, à propos de l'internat régional, parlait de « mesure pragmatique de bon sens », que Catherine Génisson se déclarait « très favorable à l'amendement de Philippe Vigier » et que Jacqueline Fraysse intervenait pour « soutenir » mon amendement.
Concernant l'installation sur trois années, le même Christian Paul m'indiquait : « Nous allons voter votre amendement, vous êtes courageux ».
Quant à l'autorisation de l'ARS, madame la ministre, voici ce que l'on pouvait entendre de la part de Mme Lemorton, aujourd'hui présidente de la commission : « Madame la rapporteure [il s'agissait de Mme Valérie Boyer], vous vous opposez à l'amendement de notre collègue Vigier au motif qu'une telle mesure relèverait de la « planification ». Je rappelle que la santé publique relève du pouvoir régalien de l'État. [...] Non, ce n'est pas une planification à l'excès. [...] Il s'agit simplement de permettre à chacun de nos concitoyens de se soigner correctement. » Et je pourrais continuer.
François Hollande, lui, a fait des allers et retours extraordinaires ! Alors qu'il déclarait dans une très belle interview au magazine Le Généraliste, le 30 septembre 2011 : « Je suis prêt à interdire certaines installations en zones trop pourvues en médecins », voilà que le 5 octobre – le téléphone avait dû sonner – il ne voulait pas qu'on oblige quelqu'un à s'installer en Corrèze ! Il avait donc fait machine arrière. Pourtant, dans sa proposition 22, le candidat du parti socialiste déclare qu'il faut revenir sur le dogme de l'installation.
Depuis, François Hollande se rapproche de l'objectif. Interrogé en février 2012 sur la multiplicité de ses prises de position par les journalistes, il explique ainsi qu'il propose de limiter l'installation des médecins en secteur 2 uniquement dans certaines zones.
Vous-même, madame la ministre, disiez le 16 mars 2012 dans un entretien à Egora : « le débat est ouvert. Il n'y a pas de position de principe à avoir sur le sujet ».
Mes chers collègues si j'ai cité ces phrases, c'est que, sur tous ces bancs, on a conscience qu'il y a là un vrai sujet. Ma proposition de loi ne prétend pas tout régler. Plutôt que de voir les différents articles battus en brèche les uns après les autres, j'aurais d'ailleurs aimé que l'on essaie d'avancer un peu. J'ai même fait des propositions pour le cumul emploi-retraite, afin que des médecins à la retraite, qui sont prêts à y passer, un, deux ou trois jours par semaine, suppléent des jeunes praticiens.
Madame la ministre, je vous le dis avec un peu d'émotion : je suis biologiste dans le sud de l'Eure-et-Loir, à Châteaudun. On y a enregistré trois suicides depuis un an de médecins en burn out. Vous pourrez vérifier. Vous ne pouvez pas ne plus rien faire. Nous avons, je le répète, fait venir des Roumains, nous avons ouvert des cabinets médicaux et nous allons inaugurer, dans quelques semaines, la plus belle maison médicale de la région Centre – je m'y suis particulièrement impliqué. C'est encore insuffisant. Il faut sortir du dogme.
Enfin, je crois qu'il y a un problème d'attractivité. Il faut entendre à cet égard les jeunes. Ma propre fille est, comme mon futur gendre, interne en médecine. J'aurais mauvaise grâce à ne pas les écouter. Tous deux me disent qu'eux aussi veulent faire leur vie, mais une vie différente. Ils veulent travailler en réseau, ils veulent passer d'une région à l'autre, ce que je propose dans le texte en permettant, en troisième année d'internat, d'aller faire deux semestres ailleurs. À mon époque, je n'ai pas eu le choix. Aujourd'hui, quand je propose l'internat régional, c'est de le passer dans trois régions, ce qui permet d'ouvrir le champ des possibilités.
Surtout, il faut générer de l'attractivité pour ces carrières. À l'époque, je l'avais dit à Mme Bachelot : passer de 22 à 23 euros pour une consultation est totalement insuffisant. Il y a un problème de revalorisation très important. La garantie de l'accès aux soins est un sujet – comme celui du numérique qui sera défendu par mon ami Thierry Benoit – qui angoisse la France des territoires. Nous ne pouvons pas cumuler les handicaps.