Intervention de Jean-Pierre Gorges

Réunion du 2 octobre 2014 à 11h45
Commission d'enquête relative à l'impact sociétal, social, économique et financier de la réduction progressive du temps de travail

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Gorges :

Je partage la plupart des propos que vous avez tenus. Vous avez indiqué qu'il ne peut y avoir de partage du travail s'il n'y a pas de partage du revenu. Je pense que l'erreur fondamentale consiste à croire que l'on peut continuer à réduire le temps de travail à revenu constant. Les arbres ne poussent pas au ciel. L'équation différentielle est facile à résoudre.

Les statisticiens que nous auditionnons disent à 95 % la même chose. Une vérité commence donc à se dégager sur une matière un peu difficile. À chaque fois, ils regardent ce qui s'est passé les premières années après le passage aux 35 heures, grosso modo de 2000 à 2004 parce que l'on veut une période un peu neutre pour pouvoir tirer des conclusions.

Vous indiquez que l'on avait commencé à réduire le temps de travail dans les années 1980. C'est en 1981 que la question des 35 heures se pose politiquement. On passe de 40 à 39 heures, mais on s'arrête là dès 1983 car on voit tout de suite l'impact de cette mesure. Et vous ajoutez que, pour rééquilibrer les choses, on a dévalué le franc. Si on s'affaiblissait, on jouait en effet sur la monnaie. Or c'est à partir de ces années qu'apparaît le déficit structurel, que l'on présente des budgets en déséquilibre et que la dette augmente. Personne ne prend en compte cet événement important qu'a été le passage à l'euro en 2002. Pourtant, 70 % des échanges français se font dans la zone euro. Dorénavant, on ne peut plus toucher à la monnaie. Certes, les 35 heures ont quelque chose d'un peu vicié au départ, mais ce phénomène a été amplifié par le fait qu'à partir de 2002 on ne pouvait plus jouer avec la monnaie, que les échanges se faisaient différemment. Sur un même terrain de jeux, on s'aperçoit que la France a un déficit extérieur de 60 milliards d'euros tandis que l'Allemagne a un solde positif de 180 milliards.

Pensez-vous que l'euro a pu amplifier le phénomène des 35 heures ?

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