Intervention de Gérard Sebaoun

Réunion du 2 octobre 2014 à 14h30
Commission d'enquête relative à l'impact sociétal, social, économique et financier de la réduction progressive du temps de travail

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGérard Sebaoun :

Je constate avec bonheur, monsieur Ferracci, que vous avez utilisé ce beau concept que j'aime : le collectif de travail. Vous avez aussi rappelé qu'il faut des temps de respiration quand on travaille, quel que soit le niveau de la productivité.

Au cours de mon expérience dans une grande entreprise où j'étais médecin, j'ai vu apparaître les 35 heures et j'ai observé le rapport qu'entretenaient les organisations et les salariés à cette réforme. Vous décrivez le consensus – tout à fait réel – qui règne actuellement autour de cette question dans les entreprises, et le problème des cadres soumis au forfait jours.

Certaines formes de réorganisation pourraient aller vers l'accentuation du télétravail, sujet sur lequel l'Assemblée avait produit un rapport au cours de la dernière législature. Tout en étant favorable au télétravail lorsque les outils le permettent, je pense que son développement massif risquerait de mettre à mal les relations sociales.

Quant à imaginer que l'on puisse limiter l'usage des produits connectés, cela me semble totalement farfelu quand j'observe la nouvelle génération et les cadres. Pourtant, certains s'y essaient et souhaitent légiférer sur le sujet. Qu'en pensez-vous ?

En voyant les salariés de la région parisienne, je n'imagine même pas que l'on puisse revenir en arrière et remettre en question la vie qu'ils ont organisée en s'adaptant à des contraintes comme le temps de transport entre leur domicile et leur travail. Même s'ils se considèrent privilégiés par rapport à d'autres, les salariés de grandes entreprises ne sont pas prêts à modifier une organisation qu'ils ont du mal à mettre en place. Qu'ils soient cadres ou non, ils ne veulent pas remettre en cause les éléments de cet équilibre.

Au nom de quoi viendrait-on, pour des raisons idéologiques, bouleverser cette sorte de calme plat qui règne dans les entreprises ? Pourtant, je suis totalement d'accord avec vous pour constater que l'intensification a créé des maux qui doivent être traités : les risques psychosociaux et la qualité de vie au travail, que l'on désigne désormais par leurs acronymes – RPS et QVT – sans leur donner vraiment un sens. C'est la première fois que nous abordons, au cours de nos auditions, ce sujet majeur qui intéresse tous les salariés et les partenaires sociaux. Tout comme la compétitivité, la QVT est un élément essentiel de la tonicité des entreprises dont il faudrait discuter sérieusement.

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