Vous avez, l'un et l'autre, bien posé les termes du débat. L'application de la réduction du temps de travail n'a pas été facile, dites-vous, M. Ferracci, au point que, quinze ans plus tard, personne ne tient vraiment à revoir l'organisation du travail dans les entreprises.
Pour autant, vous estimez qu'il faudrait revisiter le sujet. C'est aussi mon point de vue : quinze ans après, tout en posant les armes, il faudrait dresser un bilan et s'intéresser à des phénomènes tels que l'intensification du travail et des cadences. Vos remarques sur la chasse au temps improductif et la suppression des temps de respiration sont pertinentes.
Partant de ces constats, comment faire évoluer le consensus en levant certains tabous sur les questions de productivité et de compétitivité de l'outil industriel ? Si le Gouvernement souhaite, à juste titre, contribuer au redressement productif, c'est bien parce qu'il constate que nous avons des difficultés dans ce domaine.
Se pose aussi la question de la simplification des dispositifs : forfait jours, compte épargne-temps, journées de réduction du temps de travail et annualisation s'appliquent de manière différente selon les branches, les filières, l'appartenance à la sphère publique ou privée. Les disparités existent parfois à l'intérieur d'un même métier. Comme le disait Jean-Pierre Gorges – et même Gérard Sebaoun, d'une autre manière – notre mission est peut-être de faciliter les conditions du débat pour faire évoluer un consensus vieux de quinze ans.