La loi Aubry, et les textes suivants qui ont amplifié le mouvement, ont accordé plus de souplesse aux entreprises : annualisation du temps de travail, forfait-jours. Tous ces dispositifs sont soumis à des accords d'entreprise ou des accords de branche, ce qui est une bonne chose.
Mais, derrière ces accords, on observe un phénomène d'individualisation de la gestion du temps de travail. L'horaire collectif de l'entreprise ne renseigne pas nécessairement sur l'organisation de l'entreprise car celle-ci adapte, parfois avec le seul accord du salarié, l'horaire individuel en fonction des besoins de l'entreprise et du salarié. Cette pratique s'est beaucoup développée, avec des aspects positifs – le temps libre libéré – et des aspects négatifs – le délitement du collectif et une présence intermittente dans l'entreprise qui ne permet pas d'assurer une continuité dans le travail puisque les équipes ne se croisent pas.
Je suis d'accord, beaucoup de choses dans l'entreprise ont évolué dans le bon sens. Mais l'entreprise reste confrontée au risque que le besoin d'autonomie confine à l'individualisme, sans solution pour le maîtriser.
Je suis, comme vous, partisan des contrats de génération. L'exemple du Danemark cité par M. Poupard doit nous inspirer. Nous devons réinventer la transmission des savoirs en intégrant la question de la pénibilité.
Nous accompagnons certains de nos consultants vers la fin de leur vie professionnelle en leur proposant du temps partiel mais aussi en leur confiant des dossiers moins exigeants, moins exposés à la clientèle pour répondre au besoin de respiration que nous évoquions précédemment. Nous développons également le tutorat qui est loin d'être une évidence dans nos métiers assez individualistes.
Le tutorat renvoie à la question de l'alternance. Si le développement de l'apprentissage reste trop faible, l'établissement de relations entre la formation et le marché du travail dès le plus jeune âge peut nous aider dans notre réflexion sur le maintien de ces liens tout au long de la vie. Dans ce cadre renouvelé, le compagnonnage et le contrat de génération trouveront plus facilement leur place. Mais nous devons d'abord surmonter un problème culturel qui est aussi lié à l'image de l'industrie aujourd'hui. La réhabilitation de l'industrie passe autant par la qualité de vie au travail qu'elle peut offrir que par une campagne de promotion et de communication.