Vous représentez la jeunesse, et cela fait plaisir ! L'inconvénient, dans ce type de commission d'enquête, c'est que les politiques sont tentés de refaire l'histoire. Or ce qui est important, c'est l'avenir.
De vos interventions, il ressort que vous voudriez pouvoir travailler plus et plus librement pour faire face à une concurrence qui a moins de contraintes. Pour autant, vous n'êtes pas limités par les 35 heures, qui ne sont, conformément à la loi « TEPA » et à la loi du 20 août 2008, que le seuil à partir duquel on calcule les heures supplémentaires. Ce qui vous gêne avant tout, c'est le coût du travail. Plus nous avançons dans nos auditions, plus je m'aperçois que les 35 heures, même si elles sont restées dans les esprits, ne sont pas la question essentielle, mais ce sont bien plutôt toutes les mesures qui rendent le travail beaucoup plus cher en France qu'ailleurs. Je pense en particulier à la possibilité de recourir au temps partiel, aux stages, etc.
Pour ma part, je ne défends pas les 35 heures. Je recommanderais plutôt, comme vous me semble-t-il, de déterminer entreprise par entreprise le seuil le plus favorable. Dans un conservatoire de musique, ce sera peut-être 16 heures, pour des infirmières ou des chauffeurs de taxi 32 heures, mais dans l'informatique, domaine que je connais bien, on pourra atteindre 70 heures car le travail se poursuit dans la tête une fois que l'on est rentré chez soi. Dans l'entreprise, le travail sur la machine et le travail administratif pourront être soumis à des horaires différents.
Cela dit, les 35 heures ne sont pas ce qui pèse le plus sur le coût du travail. La vraie réforme devrait concerner le coût du travail en général.
Les politiques s'affrontent volontiers sur la seule durée légale du travail, même si, lorsque l'on se retrouve aux commandes, on ne change rien. Pour moi, le fait que l'alternance de 2002 n'ait pas permis de revenir sur les 35 heures reste en mystère. En 2007, on fait campagne sur la suppression, sans aucun effet non plus. Comment expliquer ce blocage au niveau politique, sachant que, partout ailleurs, on ajoute tellement à la complexité que l'on décourage ceux qui ont envie de s'installer et de se développer ? Beaucoup de sujets abordés par cette commission sont des sujets du passé. C'est pourquoi votre regard de jeunes nous sera précieux. Ni la nostalgie ni la joute politique ne sont profitables au pays !