Intervention de Yves Jégo

Séance en hémicycle du 22 novembre 2012 à 9h30
Reconnaissance du vote blanc — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Jégo :

Je vous remercie pour vos félicitations.

Nous devons nous interroger sur le modèle du scrutin majoritaire qui donnerait toute sa force à l'élu. Il est extrêmement important, mes chers collègues, d'entendre ces Français qui se lèvent le matin, qui se déplacent, qui font l'effort d'aller voter et qui mettent un bulletin blanc dans l'urne. Ils expriment quelque chose, une attente, un message que l'on ne peut pas ne pas entendre dans une démocratie. En outre, lorsqu'il s'agit de l'élection présidentielle et que plus de deux millions de nos compatriotes font ce geste, cet effort d'aller exprimer par le biais des urnes un message citoyen, il est de notre devoir de reconnaître l'existence de ces électeurs. Nous devons nous obliger collectivement, nous, partis politiques, à les entendre.

Pour l'instant, la non-reconnaissance du vote blanc fait que nous nous interdisons de les voir. Nous ne voulons pas savoir qui ils sont, nous les confondons avec ceux qui se sont trompés et nous dévoyons l'effort qu'ils ont fait.

On ne peut pas, à chaque élection, s'interroger sur la faiblesse de la participation, qui concerne un très grand nombre de scrutins. On ne peut pas non plus continuer à entendre, le soir d'une élection, les hommes politiques dire sur les plateaux de télévision que les Français ne se sont pas mobilisés, alors qu'ils ne leur offrent pas la possibilité de le faire. Croyez-moi, si le vote blanc était reconnu et comptabilisé, je suis sûr que beaucoup plus de nos compatriotes iraient voter. Nous pourrions enfin distinguer ceux qui ne remplissent pas leur devoir civique de ceux qui veulent, en remplissant leur devoir civique, exprimer autre chose que l'offre formatée que nous leur fournissons.

Il s'agit d'une évolution très forte de la démocratie. À l'heure des réseaux sociaux et de la capacité de mobilisation des citoyens en dehors des urnes, à l'heure où la possibilité d'exprimer tant de choses leur est offerte, l'avancée que le groupe UDI vous propose me semble être extrêmement importante. Beaucoup plus qu'anecdotique, elle va dans le sens de plus de démocratie, de plus de reconnaissance des citoyens, de plus d'écoute. Et, ce n'est pas l'actualité récente qui me démentira, si l'on veut redonner à la politique toute sa noblesse, il faut garantir au citoyen que, quoi qu'il exprime, nous l'entendrons ; il faut lui offrir d'autres voies que celles de l'extrémisme pour exprimer son mécontentement ou son rejet.

Il faut que nous sachions, nous, les partis politiques, regarder en face ceux qui nous disent collectivement que nous n'écoutons plus assez, que nous n'entendons pas, que nous sommes déconnectés de la réalité. Il faut enchanter, il faut faire vivre la démocratie, il faut avoir la capacité de moderniser nos institutions. Il n'y aurait que les institutions de la République qui ne se moderniseraient pas à l'heure où la vie de nos compatriotes se modernise avec tous les outils d'expression et d'échange qui s'offrent à eux ? Le débat de ce matin doit être à la hauteur, c'est-à-dire un vrai débat citoyen sur la démocratie, sur la façon de la faire vivre et sur la relation si compliquée entre les élus que nous sommes et les Français qui nous attendent et nous regardent.

Bien entendu, le groupe UDI apporte tout son soutien à cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI.)

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