Tout le monde est conscient qu'il est nécessaire d'assurer le financement de notre protection sociale et on a vu la difficulté qu'il y a eue à instaurer une journée de solidarité : comment expliquer que les 35 heures, que les Français n'ont pas particulièrement demandées au départ, soient devenues un totem, voire un tabou, alors qu'elles correspondent à une durée légale et théorique de travail, au-delà de laquelle se déclenchent les heures supplémentaires ?
Le Premier ministre s'est d'ailleurs montré favorable à un assouplissement, de même que M. Macron et M. Rebsamen hier matin, avant de rectifier un peu le tir ensuite lors d'une réunion de la commission d'enquête. On a l'impression que tout propos allant dans ce sens est tabou.
Pierre Larrouturou, que nous avons auditionné, a exposé la thèse du partage du temps de travail, dont l'hypothèse d'un passage aux 32 heures. Mais on n'évoque peu le coût que représente la compensation d'allégement des cotisations sociales et celui de la mise en oeuvre des 35 heures dans la sphère publique, alors que le Premier ministre Lionel Jospin a indiqué qu'il n'avait jamais été question initialement de les instaurer dans ce secteur. Le Gouvernement pourrait proposer un cadre précisant à la fois les interdits et les conditions auxquelles l'employeur et ses collaborateurs peuvent, dans le prolongement de l'accord national interprofessionnel (ANI) de 2013, engager un dialogue approfondi en faveur d'un assouplissement permettant de travailler 35, 37, 38, 39 ou 40 heures, en ouvrant des droits à la retraite à un âge plus acceptable.