Intervention de Jean-Paul Bacquet

Réunion du 2 décembre 2014 à 16h45
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Bacquet :

Je remercie le président de la Commission de nous avoir immédiatement communiqué le rapport d'inspection et le général Renault de se présenter dès aujourd'hui devant nous. Face à un événement dramatique, il faut distinguer les faits et leur analyse ou leur interprétation.

Commençons par les faits. Il existe deux types de manifestants. Les uns sont pacifiques. Les autres, casseurs organisés, disposent d'un matériel de guerre. Ils s'équipent à la lisière du bois avant d'aller au combat, terme que M. Mamère a utilisé lui-même, car il ne s'agit plus de manifestation. Ce combat armé n'a rien d'improvisé : il a été manifestement précédé d'une formation, ce qui est inquiétant pour notre démocratie.

Le rapport signale que le directeur général de la gendarmerie nationale et le ministre ont donné des directives d'apaisement. Le cadre dans lequel il a été fait usage de la force et des armes est conforme aux prescriptions légales et réglementaires. Il n'y a donc pas eu faute. Toutefois, il ne faut pas se limiter à l'événement, même s'il est dramatique. L'opération a été lancée il y a longtemps. La tension est montée progressivement. Certains étaient là pour casser du gendarme par tous les moyens. Les photos du rapport, sur lesquelles on voit des fossés et des piques hérissées, évoquent des situations de guerre.

Passons à l'analyse et à l'interprétation. Je me félicite que le ministre et le directeur général de la gendarmerie nationale aient évité le piège des interprétations hâtives, démagogiques, circonstancielles, partisanes et toujours infondées. Je me souviens, dans une période qui n'est pas si ancienne, d'un ministre de l'Intérieur qui, alors que le corps des victimes était encore tiède, allait sur les plateaux de télévision donner son interprétation des faits, que l'analyse démentait par la suite.

Certains ont déclaré que le ministre de l'Intérieur avait fait de « très lourdes fautes qui le laissent au bord de la déraison », alors qu'ils ne disposaient pas de l'information exacte, que vous nous avez révélée. Ils ont affirmé qu'il avait « lourdement failli », ont critiqué son « manque d'empathie ». On lui a reproché de ne pas analyser ses erreurs, mais aucune erreur ne semble avoir été commise. D'autres ont parlé d'une « tache indélébile sur le quinquennat » et d'un « scandale absolu ». Face à cette récupération démagogique et partisane, je me réjouis que le ministre, gardant son sang-froid, ait refusé les réactions émotionnelles et l'empathie circonstancielle.

L'ancien ministre de l'Intérieur et le collaborateur d'un ancien ministre de l'Intérieur qui siègent dans cette Commission savent que le silence vaut mieux que la communication outrancière. Mon général, je n'ai qu'une question à vous poser, mais je crains que l'obligation de réserve à laquelle vous êtes soumis ne vous interdise d'y répondre : notre démocratie est-elle encore capable d'assurer l'ordre public partout ? Je regrette que certains – même parmi les élus – confondent les manifestants et les casseurs. Comme M. Larrivé, je vous fais part du profond respect que j'éprouve pour la gendarmerie, à laquelle je tiens à rendre hommage. Étant fils de gendarme, je suis fier qu'elle ait oeuvré au respect de la démocratie et qu'elle ait prouvé le bon fonctionnement de nos institutions.

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