Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 12 novembre 2014 à 16h30
Commission des affaires européennes

Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense :

Mme Mogherini apportera sans doute un soutien et une capacité d'initiative, car elle a manifesté à plusieurs reprises sa volonté d'avancer.

S'agissant d'Athena, il ne suffit pas de faire état de ses propres souhaits : encore faut-il avoir des alliés et ne pas avoir de veto. Si certains pays sont favorables à l'élargissement de l'assiette, car une aussi faible couverture financière n'incite pas à participer à une opération, d'autres, pour des raisons politiques de fond, s'y opposent, comme le Royaume-Uni – tout en pouvant nous aider dans certaines actions, au Mali par exemple. J'ai essayé de convaincre mon collègue britannique en détaillant nos propositions : nous avons souhaité un financement des paquets déploiement, transports et équipement des forces armées des États tiers. Nous sommes sans arrêt à l'initiative sur ce point.

Monsieur Folliot, j'ai un point de vue moins sévère que vous sur la participation européenne. EUTM Mali est devenue une opération totalement européenne. Quant à EUFOR RCA, elle a rempli des missions, y compris dans des positions de combats dans les quartiers 3 et 5 de Bangui, même si on peut regretter le délai et la persuasion dont il a fallu faire preuve pour que certains pays y contribuent. Sans parler de l'opération Atalante ou du plan d'action de stratégie maritime. J'observe en outre que des pays comme l'Espagne sont toujours présents au rendez-vous et ne rechignent pas à l'effort.

Monsieur Candelier, vos questions dépassent le cadre de ce Conseil. Je n'ai en tout cas pas été informé d'un changement de la position allemande concernant le service national.

Nous aborderons toutes les questions dans le débat général, sachant que l'essentiel des questions posées s'agissant de la Libye et de Daech est traité au niveau des chefs d'État et de la réunion des ministres des Affaires étrangères. Quant à la Libye, j'espère contribuer à la prise de conscience des enjeux concernant le sud du pays, sur lesquels l'opinion internationale n'est pas focalisée.

Il est vrai que l'AED n'est pas l'outil dont on rêverait, ne serait-ce qu'en raison du blocage du budget à 30 millions d'euros par an, sans perspective d'augmentation : chaque initiative prise par Mme Arnould s'est heurtée à une opposition britannique, même si tous les autres États membres étaient d'accord pour donner plus de force à l'agence. Le ciel unique européen est, quant à lui, un concept plus large, dans lequel nous voulons faire intégrer la disposition militaire, en particulier les drones. Cela a donné lieu à un vaste débat en Allemagne, laquelle est avec nous pour agir.

Monsieur Folliot, s'il faut élever la voix, il faut aussi faire le travail de préparation nécessaire pour aboutir à des résultats. Mais il n'y a pas d'autorité politique en Europe à même de prendre une décision d'ordre militaire, ni d'armée européenne.

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