Intervention de Marc Le Fur

Séance en hémicycle du 8 décembre 2014 à 21h30
Délimitation des régions et modification du calendrier électoral — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Le Fur :

Juste deux ou trois choses, au terme de ce débat. Je voudrais d’abord dire que notre vote est grave pour une partie de la population française, en particulier la population de la Bretagne, particulièrement concernée. En effet, pour la première fois, nous avons l’occasion de mettre un terme au fameux décret de 1941. Il est vrai qu’il a été confirmé par des autorités légitimes et républicaines relevant du pouvoir exécutif mais aujourd’hui, pour la première fois, c’est le Parlement qui va le confirmer. Je considère que c’est un paradoxe étonnant.

Ce scrutin sera également très observé. C’est l’ultime vote, sur cette question de la Loire-Atlantique et de Nantes en Bretagne. Nous en avons eu de précédents, mais c’est aujourd’hui l’ultime. Il peut rattraper les erreurs. Si ce scrutin est particulièrement observé, c’est parce qu’avant que le Président de la République ne lance ce débat, ces questions de région ne suscitaient vraiment l’intérêt des gens qu’en Bretagne et en Alsace. C’étaient les deux endroits où le sujet parlait à l’opinion. Eh bien dans ces deux cas, vous passez à côté de l’opinion – non l’opinion du moment, mais l’opinion durable ! Depuis des années, en Bretagne en tout cas mais je suis convaincu que c’est la même chose en Alsace, ce sentiment s’exprime. Vous vous mettez donc à dos l’opinion bien inutilement, sachant, d’autres l’ont dit avant moi, que vous n’avez pas su satisfaire un certain nombre d’autres revendications touchant aux personnalités locales, et en particulier aux langues locales.

Il y a aussi un certain nombre de propos que j’ai un petit peu de mal à comprendre. J’ai le plus grand respect pour le président de la commission des lois, mais il dit que, tout en étant convaincu de la nécessité de rapprocher la Loire-Atlantique et de faire une Bretagne à cinq, il appartient aussi à un parti politique et se plie à sa discipline. Ma conception de la vie publique, c’est que quand on croit à un certain nombre de choses, on peut accepter que le parti l’emporte sur des questions que l’on estime mineures, mais qu’il est des choses essentielles dont on est comptable, y compris devant les électeurs.

Et puis il y a d’autres choses très surprenantes. Ainsi, jusqu’à récemment, monsieur le secrétaire d’État, votre collègue Mme Lebranchu était une passionnée de la Bretagne à cinq. Et voici qu’elle en est devenue une adversaire résolue, pour cause de menace liée à l’identité ou je ne sais quoi…

Ce qui est vrai, en tout état de cause, mes chers collègues, c’est que la société civile va plus vite que nous. Il y a des sondages, nous en avons parlé. Il y a aussi des manifestants, qui ont bien le droit, dans la République, de manifester. Et 30 000 personnes qui manifestent trois fois dans l’année, ce n’est pas rien ! Et puis il y a le mouvement des entreprises : « Produit en Bretagne », ça veut dire quelque chose ! Au salon nautique, qui a lieu en ce moment, « Produit en Bretagne » est très présent.

Il est à craindre que nos institutions politiques et administratives ne se coupent un peu plus de la société civile. C’est ce qui est en train de se passer, d’une manière plus générale, dans ce pays. La société civile bouge, elle prend des initiatives et nous, au contraire, nous restons figés dans une espèce de glaciation un peu surprenante, en particulier de la part d’un gouvernement qui se promettait d’être celui de la réforme.

Nous avons encore une occasion de faire évoluer les choses, de faire la Bretagne à cinq. Mes chers collègues, donnez aux Bretons l’occasion de ce rassemblement !

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