Intervention de Michel Sapin

Réunion du 3 décembre 2014 à 17h15
Commission des affaires européennes

Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics :

Notre responsabilité consiste évidemment à faire en sorte de garder la maîtrise de la situation, en particulier des déficits. De ce point de vue, la position que défend le gouvernement français est très claire : le rythme de consolidation budgétaire, c'est-à-dire de diminution des déficits, doit être plus lent que certains ne le souhaitent. Admettre que nous n'atteindrons pas les 3 % de déficit en 2015, mais seulement en 2017, me vaut des critiques ; or cela correspond à la trajectoire de réduction des déficits que nous avons définie, et à laquelle je suis attaché. Je ne dis pas qu'il faut augmenter les déficits, comme cela a été le cas au cours des années 2007 à 2009, marquées par une explosion des déficits et des dettes, mais simplement que les déficits doivent diminuer à un rythme compatible avec le soutien à la croissance. Certains, notamment au sein de la Commission européenne, veulent nous faire croire que la situation budgétaire consolidée de la zone euro est neutre, ce qui est censé justifier la poursuite de politiques restrictives ; je considère que c'est faux, et qu'en continuant à mener ces politiques restrictives au niveau européen, nous ne parviendrons pas à retrouver le chemin de la croissance.

Les questions relatives à la gouvernance de la zone euro sont très importantes, mais ne concernent pas seulement le ministre des finances que je suis. Il faut veiller à ce que la zone euro ne soit pas perçue que comme un gros chiffre, traduisant le décalage entre nos ambitions et la compréhension par nos peuples des politiques mises en oeuvre. Leur soutien à ces politiques est déjà bien ténu. Nous devons faire un effort de simplification, car certains mécanismes sont beaucoup trop compliqués et gagneraient à être revus dans le sens d'une simplification et d'une amélioration de leurs capacités d'adaptation.

Nous devons également chercher à personnaliser la zone euro. Jusqu'à présent, le président de l'Eurogroupe a toujours été le ministre des finances de son pays d'origine, ce qui n'est sans doute pas une bonne chose car, au sein de l'Eurogroupe, on est toujours perçu comme le défenseur des intérêts du pays auquel on appartient. Ainsi, si j'affirme que nous devons adapter le rythme de diminution des déficits dans l'ensemble de la zone euro, on va immédiatement m'accuser de défendre cette position parce qu'elle correspond à la situation de la France. Toute la difficulté consiste à resolidariser les économies afin de parvenir à une vision globale, préalable à un dialogue singulier avec chacun des pays.

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