Intervention de Laurent Lesnard

Réunion du 27 novembre 2014 à 8h00
Commission d'enquête relative à l'impact sociétal, social, économique et financier de la réduction progressive du temps de travail

Laurent Lesnard :

Tout à fait. Je précise d'ailleurs que le temps familial a pour support le temps des loisirs : il est donc logique qu'il soit essentiellement consacré à des activités récréatives, pratiquées en commun par le couple et éventuellement ses enfants.

Il existe effectivement une demande d'ouverture des services publics à des horaires atypiques, elle-même alimentée par les horaires atypiques auxquels sont astreints un nombre croissant de personnes : en d'autres termes, quand on travaille tard le soir, on va avoir besoin de services ouverts encore plus tard. Les horaires atypiques se nourrissent donc mutuellement : c'est une perpétuelle fuite en avant, qui devrait logiquement aboutir à ce que la société souhaite que tout soit accessible à tout moment – étant toutefois précisé que le développement des services sur Internet devrait répondre au moins partiellement à la demande dans ce domaine.

En fait, nous avons besoin d'horaires atypiques. Je ne vois que deux types de société où ce besoin se fait moins sentir : soit la France des années 1960, soit la Finlande actuelle. Dans un cas comme dans l'autre, il existe un réservoir de temps disponible : dans la France des années 1960, il s'agissait des femmes n'exerçant pas d'activité rémunérée, qui pouvaient effectuer des démarches auprès des services publics dans la journée – mais cela impliquait une inégalité entre les hommes et les femmes ; dans la Finlande d'aujourd'hui, le réservoir de temps disponible réside plutôt dans les larges possibilités offertes aux parents de faire garder leurs enfants. Une certaine proportion d'horaires atypiques est nécessaire, hormis dans les deux modèles de société que je viens d'évoquer ; si on souhaite les limiter, il convient de se demander pour quels usages ils sont réellement nécessaires – le domaine des soins est l'un de ceux auxquels on pense spontanément.

Je n'ai pas étudié spécifiquement la question des transports, mais il est exact que l'augmentation du temps qui y est consacré concerne surtout l'Île-de-France, pour le trajet domicile-travail – et cette évolution ne résulte pas de l'application des 35 heures, mais du fait qu'un nombre croissant de personnes sont obligées de résider loin de leur lieu de travail.

En ce qui concerne la diminution du temps de sommeil, elle s'accompagne effectivement d'une augmentation du temps de télévision ; quant au temps passé sur Internet, il est très difficile à mesurer, le développement de l'utilisation des smartphones et des tablettes permettant de surfer quasiment en continu.

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