Intervention de Laurent Bigorgne

Réunion du 27 novembre 2014 à 11h00
Commission d'enquête relative à l'impact sociétal, social, économique et financier de la réduction progressive du temps de travail

Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne :

Notre perspective est celle du temps de travail. Elle dépasse de loin la question de la durée hebdomadaire.

Vous nous interrogez sur le coût net et le coût brut. J'ai déjà eu ce débat avec M. Éric Heyer à plusieurs reprises. Cela vaudrait la peine de consacrer une conférence de consensus d'économistes pour voir quelle méthodologie adopter pour l'avenir, en termes d'évaluation des choix publics. Je le dis sérieusement devant le Parlement parce que ce type de méthodologie est trop peu souvent usité. Je pense que ses collègues, qui sont des spécialistes reconnus sur les questions du travail − qu'il s'agisse de M. Pierre Cahuc, professeur à l'École polytechnique, de M. Stéphane Carcillo ou de M. Étienne Wasmer, professeurs à Sciences Po − auraient bien des choses à dire.

Ce qui nous a surpris, c'est que c'est dans la fonction publique que l'on a laissé collectivement se créer le plus d'emplois publics cette dernière décennie alors que c'est objectivement l'endroit où les durées annuelles de travail sont les plus faibles. Dans une période de tension des finances publiques, cela pose une vraie question démocratique. De notre point de vue, il y avait là une indication claire de faillite en termes de management. Si l'on prend l'exemple concret de la remontée des feuilles d'arrêt maladie, de par les auditions que l'on a pu conduire on a le sentiment que les bonnes pratiques n'étaient pas complètement répandues et que l'organisation, l'encadrement, le management de ces collectivités publiques restait une terra incognita. J'en veux pour preuve le graphique qui montre le nombre annuel moyen de jours d'absence par agent pour raison de santé avant et après titularisation, qui vous est présenté dans le graphique figurant à la page 19. On constate des élasticités de l'ordre de un à deux. Or vous savez comme moi que lorsque l'on a de telles élasticités dans des environnements de travail qui, par ailleurs, sont normés, c'est qu'il se passe quelque chose.

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