Intervention de Meyer Habib

Séance en hémicycle du 10 décembre 2014 à 15h00
Questions au gouvernement — Lutte contre l'antisémitisme

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMeyer Habib :

Monsieur le Premier ministre, Jean-Paul Sartre écrivait, dans ses Réflexions sur la question juive : « Pas un Français ne sera en sécurité tant qu’un Juif, en France et dans le monde entier, pourra craindre pour sa vie ». Sartre ne parlait pas simplement du mal causé aux Juifs mais aussi de ce cancer qu’est pour tous les Français l’antisémitisme. Parce que cette haine de l’autre s’attaque aux fondements de notre République, à ses valeurs, ces mots conservent toute leur force.

La semaine dernière, après l’affaire Ilan Halimi, après Toulouse, après Bruxelles, un couple de jeunes Juifs a été agressé et la jeune fille violée dans leur modeste domicile de Créteil parce qu’ils étaient juifs.

Pourtant, vous le rappeliez hier, nous n’étions pas plus de 1 500, dimanche, pour soutenir les victimes, et à peine 450 après l’égorgement sauvage d’Hervé Gourdel par des djihadistes. Des chiffres désolants quand on pense que les manifestations pro-Hamas qui ont eu lieu cet été à Paris, et au cours desquelles a été scandé « Mort aux Juifs », ont réuni plus de 30 000 personnes.

Monsieur le Premier ministre, vous-même et le ministre de l’intérieur avez eu des paroles fortes, sincères et rassurantes. Mais après ces paroles, il est temps de passer aux actes.

Les statistiques sont alarmantes, vous l’avez rappelé. De plus en plus de nos compatriotes juifs, malgré leur attachement à la France, ne s’y sentent plus en sécurité et quittent massivement notre pays.

Quelles mesures concrètes pensez-vous prendre ?

Quelques pistes : l’éducation, le renforcement de la pénalisation, l’application rigoureuse des sanctions, mais surtout l’arrêt de la diabolisation d’Israël. Il existe chez nous une obsession d’Israël, surtout à votre gauche. C’est vous, Manuel Valls, qui avez justement rappelé que l’antisionisme était la nouvelle forme de l’antisémitisme. Hasard malheureux, le crime de Créteil a eu lieu la veille du vote contre-productif d’une reconnaissance unilatérale qui nous éloigne de la paix. Nous avons alerté sur le risque d’importation du conflit et sur la légitimité que ce vote apportait au Hamas, et 151 d’entre nous, pour la plupart favorables à un État palestinien, l’ont compris.

Quand comprendrez-vous que dans cette partie du monde ce n’est pas une question de territoire, monsieur le Premier ministre ? La lutte contre l’antisionisme effréné n’est-elle pas elle aussi un chantier essentiel de la lutte contre l’antisémitisme ?

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