Le ton polémique du président Accoyer m'étonne. Pour avoir, avec quelques collègues de la majorité et de l'opposition, participé à la quasi-totalité des auditions, je peux dire que je n'ai pas entendu autant de propos polémiques, virulents. Grâce à la volonté apaisée du président Benoit, nous avons pu faire un travail sérieux, que l'on retrouve dans le rapport. Bien évidemment, la rapporteure a le droit d'exprimer des convictions. Elle le fait, considérant qu'il faut aller plus loin dans la réduction du temps de travail si les conditions le permettent. C'est une proposition historique qu'elle a parfaitement le droit de formuler.
Tous les éléments relatifs à la compétitivité et à l'organisation des entreprises ont été parfaitement relatés. Non, la compétitivité des entreprises n'a pas été mise à mal par les 35 heures – seuls le milieu patronal, Coe-Rexecode et un intervenant ont évoqué cette hypothèse. Aucun autre interlocuteur n'a dit que les 35 heures avaient obéré la compétitivité de notre pays. Oui, les 35 heures ont bouleversé la vie des entreprises et de nombre de nos concitoyens. Ce fut une période de négociations effervescentes pour un acquis social majeur. Dans le monde salarié, ce sont surtout les cadres qui en ont bénéficié, et moins les ouvriers et les salariés des petites entreprises. Oui, les 35 heures ont permis des avancées d'organisation pour les entreprises, mais elles ont créé des contraintes parfois difficiles pour l'ensemble du monde salarié. Il faut poursuivre le mouvement en travaillant sur la qualité de vie au travail.
Quant à qualifier le rapport de « petit livre rouge » et les conclusions de la rapporteure de « délire », c'est une façon par trop excessive d'exprimer son désaccord. Pour ma part, je considère qu'il est assez exhaustif et livre beaucoup de données chiffrées que personne ne peut nier. On peut contester le parti-pris de la conclusion, mais celui qui voudra bien lire sérieusement ce rapport, sans uniquement le survoler ou chercher la diatribe, sera informé. À mon sens, il n'y a pas aujourd'hui, ni du côté du patronat ni du côté des salariés, pas plus que parmi les gens sérieux qui ont travaillé sur ces sujets, une majorité pour dire qu'il faut remettre en cause la réduction du temps de travail mise en place dans notre pays dans les années 2000.