Intervention de Gérard Mestrallet

Réunion du 4 décembre 2014 à 8h00
Commission d'enquête relative aux tarifs de l'électricité

Gérard Mestrallet, président de GDF Suez :

Oui, et du reste le CEA a un projet concernant la génération 4. Quant à nous, nous travaillons beaucoup, avec Areva et maintenant Mitsubishi, sur le detail design de la génération 3, puisque nous allons devoir construire quatre ATMEA en Turquie. Mais, vous avez raison, il faut également travailler sur les perspectives qui s'ouvrent, sachant que la question du combustible sera en effet pratiquement éliminée.

Nous plaidons en faveur de la poursuite du nucléaire en Belgique. En 2003, lorsque les Verts participaient au Gouvernement, la Belgique a décidé de sortir du nucléaire : une loi a été votée qui prévoyait la disparition des centrales atteignant quarante ans. Mais, en 2009 – les Verts avaient quitté le Gouvernement –, j'ai négocié avec le Premier ministre, M. Van Rompuy, un accord aux termes duquel les trois premières centrales atteignant quarante ans seraient prolongées de dix années, moyennant le versement de 250 millions d'euros au budget de l'État belge. L'allongement de la durée de vie d'une centrale est un investissement extrêmement rentable. N'oublions pas qu'en Allemagne, avant de décider l'arrêt du nucléaire, Mme Merkel avait choisi d'allonger la durée de vie des centrales, moyennant le versement par les opérateurs de 2,3 milliards au budget de l'État allemand. Dans tous les pays où cet allongement a été décidé, ce sont les opérateurs qui ont payé ; en France, on a parfois le sentiment que l'on veut faire payer tout de suite le consommateur pour des programmes d'allongement de la durée de vie des centrales, des investissements, qui ne sont pas encore réalisés. Il faut étudier cette question.

En tout état de cause, nous, nous ne faisons pas de marketing.

S'agissant du coût du nucléaire, madame la rapporteure, le prix est aujourd'hui de 45 eurosMWh sur le marché belge. Le gouvernement belge nous fait payer une taxe de 500 millions d'euros, que nous contestons, pour un parc de sept centrales – cinq de 1 000 mégawatts et deux de 500 mégawatts – dont la capacité totale est de 6 000 mégawatts. L'accord que j'avais signé avec M. Van Rompuy, avec l'approbation unanime du conseil des ministres, n'a pas été respecté par les gouvernements suivants. Les socialistes francophones étant plutôt pro-nucléaires et les socialistes flamands plutôt anti-nucléaires, nous avons fait les frais de la coalition. Nous nous apprêtions donc à fermer, l'année prochaine, trois centrales – les deux plus petites et une grande, soit 2 000 mégawatts au total –, lorsque le Gouvernement s'est aperçu que ces fermetures pouvaient poser des problèmes de sécurité d'approvisionnement. Un compromis a donc été trouvé, et il a été décidé de fermer les deux petites, Doel 1 et 2, et de prolonger de dix ans la durée de vie de la plus grande, Thiange 1. Ce nouvel accord a fait l'objet d'un texte de loi spécifique. Aujourd'hui, les partis formant la coalition qui compose le nouveau gouvernement de M. Michel, nommé récemment, sont plutôt pro-nucléaires. Or, compte tenu de la fermeture de nouvelles centrales d'ici là, des problèmes d'approvisionnement risquent de se poser l'hiver prochain, en Belgique mais aussi en France et dans d'autres pays. Nous discutons donc actuellement avec le gouvernement belge de l'allongement de dix ans de la durée de vie des centrales Doel 1 et 2. J'ignore si ces discussions aboutiront à un accord. Quoi qu'il en soit, nous sommes prêts à effectuer les opérations nécessaires à cette prolongation, qui nécessite un investissement de 600 millions pour Thiange 1 et de 700 millions pour Doel 1 et 2. Nous ne les réaliserons que si nous trouvons une solution économique, ce qui suppose que le gouvernement belge renonce à une partie de sa taxe.

Jean-Pierre Gorges. C'est ce que nous ferons en France en 2017 ! (Sourires.)

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