Intervention de Laurent Furst

Réunion du 10 décembre 2014 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Furst :

Quel plaisir de voir ce matin l'oecuménisme politique conjugué au talent !

Parler du Grand Paris, c'est jongler avec les milliards d'euros. Pour ma part, je n'oublie pas que notre pays a 2 000 milliards d'euros de dettes, et que l'argent qui est aujourd'hui quasiment gratuit pourrait ne plus l'être demain. Il suffirait que les taux d'intérêt réels remontent un peu pour que la résolution de notre équation budgétaire devienne extraordinairement difficile. L'optimisme à l'égard des grands projets d'infrastructure doit donc être pondéré par la conscience que la situation que je viens de décrire peut survenir à n'importe quel moment.

Il me semble que le projet du Grand Paris, qui permettra de créer autour des nouvelles gares un territoire attractif plus étendu que ne l'est Paris intra-muros et d'accueillir 1,4 million d'habitants supplémentaires, pose une question à toute la nation. Aujourd'hui, tout ce qui fait la vie du pays est déjà concentré dans une véritable agglomération-monde au détriment des régions françaises. Or il me semble que ce projet renforce la centralisation et la concentration de la sève de la nation autour d'une seule agglomération sans que la question de l'équilibre entre le centre et les régions ne soit posée.

Le projet met manifestement en place des structures permettant les déplacements en rocade, mais l'augmentation considérable de la population en périphérie, pèsera aussi considérablement sur les liaisons vers un centre qui restera très attractif. Le profane que je suis s'interroge sur les dépenses qu'il faudra nécessairement engager à terme pour renforcer également le réseau en étoile forcément sollicité par les 1,4 million nouveaux habitants du Grand Paris.

Je soutiens ce projet remarquable mais je ne suis pas certain de la pertinence de l'organisation institutionnelle dans laquelle il se développe. On parle souvent du millefeuille administratif ; avec le Grand Paris, il s'agirait plutôt d'un dix mille feuilles !

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