Monsieur Rodet, le jazz n'a pas disparu des programmes de France Musique. Je peux citer l'émission « Open jazz » d'Alex Dutilh, « Jazz club » d'Yvan Amar, « On ne badine pas avec le jazz » de Patrice Bertin, ou encore « All that jazz » d'Arnaud Merlin, sans oublier FIP et France Inter.
Quant à la musique classique, la grille de France Musique a été refondue pour laisser davantage de place à la musique et diminuer la part du commentaire. Le rétablissement des audiences à un niveau acceptable pour une radio qui dispose de plus de 500 fréquences prendra du temps. Nous faisons face à un concurrent qui propose de bons programmes, différents des nôtres, et qui doit pouvoir nous donner des idées.
Monsieur Rogemont, je n'ai pas proposé dans mon programme devant le CSA la fusion des orchestres. J'ai suggéré de revoir les identités de répertoire des deux orchestres pour une meilleure complémentarité, sachant que ceux-ci, pour la première fois, vont jouer dans la même salle. Cependant, la question posée aujourd'hui est de permettre aux formations musicales d'exercer pleinement leur mission, à Paris et en région. L'Orchestre national de France a, par nature, vocation à se produire dans les régions, notamment celles qui n'ont pas d'orchestre permanent. Alors que certaines régions possèdent de très belles salles de concert, la présence des orchestres de Radio France sur l'ensemble du territoire pourrait être renforcée aux termes du COM. Il est normal que ces orchestres, qui sont financés par la contribution à l'audiovisuel public, s'adressent à tous les Français.
Quant à la proposition assez radicale de Bruno Le Maire, qui est certainement inspirée par les exemples européens – au Danemark, aux Pays-Bas, en Italie et même en Allemagne, des orchestres fusionnent –, la question continuera à se poser. Mais, fusionner les orchestres, n'est-ce pas leur faire perdre une partie de leur identité musicale et de leur qualité artistique ?
Sur le maillage de France Bleu, nous sommes très heureux de France Bleu Saint-Étienne Loire. J'ai pu le constater en me rendant récemment à la soirée des talents France Bleu qui a rassemblé 8 000 personnes au Zénith de Saint-Étienne. Je confirme que Saint-Étienne est une ville en plein renouvellement. J'en profite pour répondre à Charles de Courson sur la musique d'expression française sur nos antennes. France Bleu est un grand partenaire des nouveaux talents français. Le plateau réuni ce soir-là en témoignait.
Je souhaite que le maillage de France Bleu s'étende. Je pense notamment à la région Midi-Pyrénées dans laquelle nous n'avons qu'une fréquence à Toulouse, ou à Lyon, la deuxième agglomération de France, qui ne dispose pas de fréquence France Bleu.
Mais, compte tenu des contraintes financières, l'extension du maillage passe nécessairement par un redéploiement du réseau. Frédéric Schlesinger et Claude Esclatine ont entamé ce travail pour repenser notre présence, notamment la présence des reporters en résidence qui sont les correspondants de France Bleu dans les territoires sans station France Bleu. Nous remplissons là une mission de service public tout à fait insigne.
La séduction des jeunes publics est l'une des raisons pour lesquelles je souhaite une réorientation du Mouv' vers la musique. Sur les cinq dernières années, plus on a investi d'argent dans Le Mouv', moins la radio a fait d'audience. C'est peut-être une bonne nouvelle puisque je cherche à faire des économies…
Le Mouv' atteignait un point d'audience cumulée il y a quelques années. Il n'y a donc pas de fatalité à ce que le service public ne puisse pas s'adresser à la jeunesse. Le travail entrepris par Bruno Laforestrie, son directeur, vise, après un certain nombre d'études réalisées à l'automne, à repositionner le Mouv' sur un public de jeunes et de jeunes adultes et à en faire une radio tournée vers les cultures urbaines – cela ne veut pas dire le transformer en Skyrock. Le service public peut faire une radio jeune qui s'adressera à des catégories socioprofessionnelles qu'il ne touche pas aujourd'hui. À l'exception de France Bleu, les radios de Radio France sont écoutées par les seuls « CSP+ », voire « CSP++ ». Elles s'adressent essentiellement à des actifs alors que nous devons pouvoir toucher une partie de la jeunesse. C'est tout le projet de la nouvelle identité du Mouv'.
Pour le Mouv', nous devons fixer un point de rendez-vous dans le COM pour évaluer les résultats. Si la formule choisie ne marche pas, il faudra trouver une autre solution pour atteindre ces jeunes publics. La présence sur les réseaux sociaux et sur les plateformes de partage est essentielle, ce qui justifie la place donnée à la vidéo pour pouvoir poster nos programmes et s'adresser au jeune public, non pas par les réseaux classiques de la FM – quoiqu'il faille continuer à le faire – mais en rendant disponibles les contenus là où les jeunes les cherchent.
Madame Dessus, il faut que vos amis réécoutent France Inter. Depuis la rentrée, la différence s'entend. La radio est plus légère tout en étant sérieuse, toujours aussi respectueuse tout en étant plus souriante, plus féminine aussi – c'est vrai pour la matinale de Patrick Cohen dans laquelle trois voix féminines, Rebecca Manzoni, Léa Salamé et Charline Vanhoenacker, apportent une touche différente, complémentaire, une diversité. Toute la grille a été largement revue : les émissions nouvelles marchent bien – c'est vrai pour l'après-midi qui était en perte de vitesse – alors que les émissions qui n'ont pas changé sont plus en difficulté. Je dis à Laurence Bloch et aux équipes de France Inter : continuez !
Je souhaite diversifier les ressources publicitaires en accueillant de nouveaux annonceurs. On peut imaginer atteindre en cinq ans, à la fin du COM, 20 % de ressources commerciales, comprenant la publicité mais aussi la location d'espaces, la billetterie, les concessions – nous souhaitons accueillir un restaurant, une librairie, un café bar pour créer un lieu de vie à Radio France. En effet, c'est aussi en faisant de la Maison de la radio une maison de la culture et des cultures que nous réussirons à attirer un autre public.
Il existe deux catégories d'ateliers pédagogiques, ceux autour de la musique classique et ceux autour de France Info dans lesquels les enfants participent à la fabrication d'une radio d'information en continu et appréhendent les métiers du journalisme et les métiers techniques. Nous avons signé des conventions avec les trois rectorats de la région Île-de-France pour permettre aux enfants de venir participer chaque semaine à la Maison de la radio à ces ateliers. Nous devons promouvoir notre offre auprès des maires de la région parisienne et faire valoir son intérêt dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires.
Sur le rapprochement entre FIP et RF8, RF8 doit nous servir de plateforme pour affiner l'offre de nos chaînes musicales, FIP et France Musique. Je compte sur le nouveau directeur du numérique, Laurent Frisch, ancien directeur du numérique à France Télévisions, qui doit arriver le 5 janvier, pour établir les passerelles appelées de leurs voeux par le Président de la République, le CSA, la représentation nationale et moi-même entre les différentes entités de l'audiovisuel public.
Nous travaillons déjà avec l'INA. Cela se traduit à l'antenne par l'émission de Fabrice Drouelle « Affaires sensibles ». Ce documentaire quotidien en direct à la radio ne pourrait pas se faire sans le concours de l'INA et l'accès à leurs archives. C'est une gageure de réussir à produire une émission aussi complexe tous les jours. On peut probablement aller plus loin dans la collaboration avec France Télévisions et France 24. Je sais aussi que Marie-Christine Saragosse souhaiterait que les captations des concerts de Radio France puissent être diffusées sur les chaînes de France Médias Monde. L'équipement audiovisuel de l'auditorium, qui devrait être opérationnel à la rentrée, est essentiel – les grandes salles de concert internationales sont équipées. Nous souhaitons poursuivre la collaboration avec Arte qui capte déjà certains concerts mais nous aimerions aussi que France Télévisions en diffuse davantage.
Madame Pompili, je n'ai pas changé d'avis sur la radio numérique terrestre. Je n'ai pas aujourd'hui les moyens de la faire. Compte tenu du coût de la RNT, même en fermant les ondes moyennes et les ondes longues, l'argent qui aurait pu permettre de déployer la RNT est aujourd'hui nécessaire pour revenir à l'équilibre des comptes. La RNT nous permettrait pourtant de couvrir un certain nombre de régions – France Info en Bretagne, par exemple – ou d'élargir la diffusion de FIP qui n'a que dix fréquences. Il est vraiment très dommage que cette pépite qu'est FIP ne dispose pas de davantage de relais mais je n'ai pas les moyens de recourir à la RNT aujourd'hui.
Nous avons demandé le taux de couverture hertzien analogique au CSA qui s'est retourné vers le ministère de la culture et de la communication. Nous ne connaissons donc toujours pas, à ce jour, notre couverture selon le nouveau mode de calcul du CSA.