Intervention de Philippe Aigrain

Réunion du 1er octobre 2014 à 18h00
Commission de réflexion sur le droit et les libertés à l’âge du numérique

Philippe Aigrain :

En tant qu'auteur de nombreuses propositions de nouvelles formes de financement des activités culturelles, je suis un peu inquiet à l'idée qu'il soit possible, comme cela a été dit tout à l'heure, de déterminer quels sont les livres les plus empruntés dans telle ou telle bibliothèque. Une donnée sensible, ce n'est pas forcément une donnée personnelle, et lorsqu'on évoque des solutions reposant sur un traitement à l'échelle d'une société, l'hypothèse selon laquelle quiconque puisse avoir accès à un fichier global des consommations culturelles suscite une très forte réticence – les seuls cas où cela peut être envisagé sont ceux où l'État attribue des aides, notamment dans le secteur du cinéma.

J'ai l'impression que nous avons du mal à nous comprendre, dans la mesure où vous êtes centré sur le problème des données publiques produites par les administrations, alors que la question qui se pose aux citoyens est celle, plus globale, de l'ensemble des données. Si, contrairement à ce que l'on entend dire, il est rare que les gens mettent n'importe quoi sur Facebook, en revanche, une masse énorme de données extrêmement sensibles est capturée, à l'insu des personnes concernées, par des acteurs privés. Quand le moment sera venu de formuler des propositions sur le contenu d'une nouvelle loi relative à l'ouverture des données en général, nous devrons être attentifs à tous les risques potentiels. En effet, l'histoire a montré que la dénégation des risques a fait plus de tort à l'innovation que leur prise en compte.

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