Intervention de Laurent Henry

Réunion du 24 novembre 2014 à 16h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Laurent Henry, vice-président de la Fédération française d'aéromodélisme :

Je vous remercie de nous donner la parole lors de cette audition publique. La Fédération française d'aéromodélisme (FFAM), depuis 1966, gère un sport-loisir au travers duquel ses licenciés mettent en oeuvre des modèles réduits d'aéronefs, dits aéromodèles. Dans la règlementation, les aéronefs correspondent à tous types d'aéronefs télécommandés sans personne à bord, utilisés à des fins de loisir et de compétition. Nous regroupons, vous l'avez dit, environ 28 000 licenciés répartis dans l'ensemble du territoire, 840 associations, et 800 plates-formes d'activité. Nous avons appris à gérer nos licenciés et à les informer régulièrement de leurs droits et de leurs devoirs. On peut constater que rares ont été les transgressions des règles en matière d'utilisation de l'espace aérien, d'image ou de fréquences d'émission. Les aéromodèles sont de tout type : avion, hélicoptère, planeur, aérostat, maintenant multi-rotors ou drones de loisirs. Le besoin d'une aire d'évolution reconnue et autorisée, balisée et sécurisée, pousse les pratiquants à rejoindre nos structures. Ainsi, nous pouvons faire passer des messages sur ce qui est permis de faire avec ces aéromodèles.

Ces dernières années ont apporté la vulgarisation des multi-rotors, appelés communément drones, avec leur facilité d'emploi. Du jouet au professionnel, chaque appareil a bénéficié d'un essor fulgurant de la technologie et d'une mise en oeuvre simple et rapide. Ainsi, plusieurs centaines de milliers de ces aéromodèles sont arrivés dans notre espace aérien. Le profil des utilisateurs a évolué, ce ne sont plus seulement des passionnés de l'aéronautique ou de l'aviation, mais aussi des adeptes de la technologie, découvrant de nouveaux horizons et considérant le drone comme un simple vecteur d'exploration à distance en quasi-liberté.

Afin de comprendre cette nouvelle pratique, la FFAM a organisé cette année des journées portes ouvertes aux non-licenciés, accueillant les aéromodèles multi-rotors. Cette action s'est faite en concertation avec les services de la DGAC. Nous sommes en cours de dépouillement des données collectées lors de ces journées, en constatant que le vol n'est pas l'élément primordial de la motivation de ces nouveaux adeptes du vol radiocommandé. De nouvelles formes de pratiques, comme par exemple la photo, la vidéo ou le vol à vue et automatique, intéressent ces aéromodélistes qui ne savent pas qu'ils en sont. Dans leur esprit, point n'est besoin de rejoindre un club ou une plate-forme, même s'ils reconnaissent qu'ils ont plaisir à échanger entre eux leur expérience.

La FFAM veut soutenir toutes les formes et pratiques de l'aéromodélisme, dans un respect des règles applicables. Elle ne peut en aucun cas s'associer aux pratiques sauvages qui défraient la chronique ces dernières semaines. Nous tenons à ce qu'aucun amalgame ne soit fait entre ces pratiques et celles que nous défendons au sein de nos clubs. Nous estimons que personne ne peut ignorer l'interdiction de survoler une centrale nucléaire avec un aéromodèle, mais nous savons aussi que beaucoup de personnes se procurant du matériel de loisir ne connaissent pas encore la réglementation ou ne l'ont pas assimilée. Il conviendrait d'informer très directement et de façon systématique les acheteurs des règles qui régissent ces pratiques et des limitations inhérentes à leur utilisation. Cette action, engagée avec la DGAC pour l'écriture d'une notice, pourrait se finaliser par l'obligation réglementaire de sa diffusion lors de la vente de matériel. Nos collègues professionnels ont, je le pense, la même approche, qu'ils soient commerçants ou utilisateurs. Nous avons la chance, en France, d'avoir une des réglementations les plus avancées sur ce sujet, garantissant la sécurité des usagers de l'espace aérien et permettant la pratique de l'aéromodélisme par de plus en plus d'amateurs, attirés par l'intérêt technologique qu'il représente. Le travail permanent accompli par la FFAM avec les services de la DGAC va vers une simplification des règles, donc une meilleure compréhension de leur nécessaire application. Cependant, nous soutiendrons, comme nous l'avons toujours fait, les mesures et directives qui assureront une sécurité accrue tant en matière de personnes que de biens publics.

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