Intervention de Alexandre Garcia

Réunion du 24 novembre 2014 à 16h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Alexandre Garcia, professeur d'acoustique du Laboratoire de mécanique des structures et de systèmes couplés, du Conservatoire national des arts et métiers, CNAM :

Je vous remercie de me donner la parole pour me permettre de présenter ce projet, qui constitue une réponse à un appel d'offre de protection des infrastructures sensibles. Il a été dénommé « Avalon », acronyme de la traduction anglaise de « localisation automatique de drones par méthodes audio et vidéo ». Le coordinateur était donc l'ISL un organisme franco-allemand de recherche lié à la défense nationale. Le partenaire de l'ANR était le ministère fédéral de l'éducation et de la recherche allemand. La gendarmerie nationale, EDF, GDF et Suez constituaient des soutiens institutionnels et des utilisateurs potentiels, sachant que nous avons mis en exergue la protection des réseaux interconnectés d'électricité en France et en Allemagne. Du côté allemand, se trouvaient le ministère de l'intérieur et la police scientifique.

Les partenaires industriels sont Safran et Sagem pour l'intégration des systèmes. Orelia, est une PME qui développe déjà un système de détection par la signature. Ce produit existe, mais il est relativement rudimentaire, avec un seul capteur. L'idée était d'améliorer la performance au niveau de la détection, de la localisation et de la poursuite (tracking). Iremos est un consultant en sécurité. Du côté allemand, Wako fabrique des antennes acoustiques. Les partenaires académiques étaient, du côté allemand, les Fraunhofer et, pour la France, le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).

Ce projet a été déposé au mois de mai dernier, date limite de dépôt. Nous avons pris en compte la démocratisation de ces types d'appareil, qui peuvent se fabriquer à partir d'éléments. Cela a été dit par l'ONERA, ces appareils sont silencieux. Ils ont une signature acoustique et électromagnétique relativement faible, sont mobiles et volent à faible altitude. Le problème est de détecter, localiser et traquer l'engin, c'est-à-dire déterminer où il se trouve, quel est son cap et sa vitesse, et ensuite faire de la classification et déclencher les dispositifs de défense adaptés. Il ne s'agit pas de déclencher n'importe quelle contre-mesure.

L'innovation proposée dans ce projet était une détection multimodale, vidéo et audio. L'audio est intéressant car il permet une pré-détection panoramique. Puis il est possible de viser avec la vidéo, pour déterminer dans un angle plus petit ce à quoi on a affaire. Orélia, notre partenaire pour la pré-détection, était à même de le faire. Il s'agissait ensuite d'utiliser des systèmes distribués, c'est- à-dire capables de mailler une surface relativement importante de la région, puis de faire la fusion des données. L'idée était d'obtenir un système avec peu de capteurs, à bas coût, robuste aux intempéries, et constitué de sous-unités de traitement indépendantes. Si l'un tombe en panne, il ne doit pas mettre en péril tout le système. Cette modularité concerne aussi la maintenance.

Nous avons pris en compte les contraintes de la loi « sécurité et liberté » pour le traitement des données, car tout est écouté et enregistré, pas uniquement le drone. Il faut prendre en compte cet aspect sociétal. L'évaluation, comme vous l'avez dit, a été très positive pour l'ANR. Le projet n'a pas été retenu par le comité allemand, en fait nous n'avons pas eu de retour. Quoi qu'il en soit, le projet est toujours réalisable avec des partenaires français, et l'on pourrait rajouter éventuellement des spécialistes des télécom pour le brouillage et l'interception des commandes du drone. Il serait également intéressant de collaborer avec des constructeurs de drones. Des financements sont recherchés : ANR, ASTRID, CSOSG, FUI, fonds régionaux, et, pourquoi pas, en association avec l'ONERA.

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